Entre chamailleries et violence, l'ambivalence du discours médiatique sur le rugby

Résumé 0

Cette communication souhaite étudier le rapport à la violence dans le discours médiatique sur le rugby professionnel. A partir d'un corpus tiré de questionnaires auxquels ont répondu des journalistes spécialisés, des articles du journal L'Equipe et Sud-Ouest (depuis 1995) et des publications annuelles de l'Année du Rugby, nous souhaiterions mettre en évidence la dialectique entre rugby et violence. En reprenant des analyses scientifiques déjà existantes sur les règles sportives (N. Elias, J.-Y. Lassalle, S. Darbon, C. Pociello), nous avons montré que le rugby a, historiquement, développé une culture spécifique de combat et donc, a noué une relation ambiguë à la violence. Le terme "violence" est choisi à dessein par sa charge symbolique et affective dont l'usage même n'est pas consensuel. Notre hypothèse est que le discours médiatique sur le rugby comprend un double mouvement de mise à distance (par l'euphémisation et l'humour) et de contextualisation (par le rappel à la tradition), marqué par une rupture générationnelle, l'arrivée du professionnalisme. Les stratégies discursives analysées confirment un rapport ambivalent à la violence, à la fois dénoncée et tolérée par les acteurs. Cette mise à distance, qui conduit in fine à une relativisation, permet de produire un double discours : récuser la violence dans le jeu tout en s'inscrivant dans les valeurs mythiques du rugby. Mais, ce discours s'inscrit dans un contexte mouvant et bouleversé par l'arrivée de nouveaux acteurs consécutifs au double processus de professionnalisation et de médiatisation de ce sport. Dans le rugby professionnel, la culture spécifique du combat et la tolérance à la violence vient s'encastrer dans des représentations modérées, attachées à la pratique professionnelle (amoindrissement de la culture festive et culinaire chez des joueurs soumis à des contraintes de récupération et musculation) et aux annonceurs (dénonciation des brutalités).