2020
Cairn
Philippe Saltel, « Les vertus de l’intimité dans la relation de soin : pudeur, chasteté, modestie », Revue française d'éthique appliquée, ID : 10670/1.gxyyn8
La philosophie morale peut nous aider à dresser une carte conceptuelle des qualités morales impliquées dans une relation de soin. Nous proposons d’étudier le cas de l’intimité et les vertus de pudeur, chasteté et modestie, trois vertus liées par l’inquiétude de l’intégrité des personnes. En premier lieu, en nous servant de la définition, par Hume, de la chasteté et de la modestie dans son Traité de la nature humaine, mais aussi de la distinction, dans l’œuvre de Kant, entre « devoirs parfaits » et « devoirs imparfaits », et des idées de Spinoza sur la pudeur comme sentiment, nous voulons en distinguer toutes les différences. Par la suite, nous appliquons ces résultats à l’univers du soin médical. D’habitude, nous considérons la pudeur comme un devoir strict : certainement, la chasteté redéfinie en est un ; mais il serait mieux, quant à la pudeur dans la relation de soin, de considérer quelque incertitude à ce sujet, parce que personne ne sait ce qui est pudique ou non aux yeux d’un autre. Les patients eux-mêmes ont le devoir semblable de trouver la meilleure conduite à tenir dans de telles situations. En bref, le succès d’une certaine « alliance thérapeutique » dépend de dispositions moralement bonnes — ou vertus — déployées par les uns et les autres.