2024
Cairn
Adrien Durand, « Emo Story », Audimat, ID : 10670/1.gy1tnm
On connaît depuis longtemps Adrien Durand, puisqu’il a organisé la promotion de festivals aussi incontournables que Sonic Protest ou le regretté Villette Sonique. Si vous voulez sa bio, il suffit de lire ses livres aux éditions Le Gospel (liées au webzine du même nom), qui chroniquent avec un talent littéraire évident les hauts et les bas d’une vie de « mec de la scène » idéalisant l’underground (plutôt hardcore, noise-rock, emo) tout en en revenant peu à peu, à mesure que les déceptions éthiques s’alignent et que les impayés s’accumulent.Alors que son premier roman vient de paraître chez Le Nouvel Attila, il a accepté de réfléchir pour nous à l’étrange trajectoire de la musique emo, à la façon dont elle a nourri sa propre vie et alimenté ses réflexions. Cette histoire personnelle de l’emo est autant une lettre d’amour à l’exigence et à la flamboyance de la scène hardcore des origines, qu’une méditation sur la façon dont elle s’est transformée vers une certaine incarnation de la masculinité fragile, oscillant souvent entre l’exploration passionnée d’une subjectivité rebelle et l’autovictimisation la plus toxique. Cet exercice d’introspection du goût, finalement un geste emo par excellence, montre comment l’on n’échappe pas si facilement à ses obsessions de jeunesse, quel que soit le mal qu’elles nous font ; mais c’est peut-être aussi une manière de réparation.