"Ici, on ne fabrique pas des marshmallows": Peur de l’accident et peur de mal faire dans les industries de flux à haut risque

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Gwenaële Rot et al., « "Ici, on ne fabrique pas des marshmallows": Peur de l’accident et peur de mal faire dans les industries de flux à haut risque », Archive ouverte de Sciences Po (SPIRE), ID : 10670/1.gzl5cb


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Étudier le rôle de la peur dans le travail du personnel des industries de flux à haut risque (ici centrale nucléaire et usines pétrochimiques), nécessite de dépasser le stade de l’émotion, celle que ressent le visiteur de tels sites, pour entrer dans l’analyse du travail. L’idée de « peur au travail » peut avoir deux sens différents : le premier renvoie à la dangerosité de l’activité (la peur de l’accident, qui peut vous meurtrir et meurtrir les autres ) ; le second renvoie à une peur sociale, celle de se voir sanctionner par la hiérarchie et, ou d’être déconsidéré par ses pairs. Dans un univers de travail à haut risque, où toute erreur de travail peut avoir des conséquences gravissimes, où, pour cette raison, la réglementation est particulièrement tatillonne, on pourrait imaginer que les travailleurs sont fortement soumis, non seulement au premier registre de la peur, mais aussi au second. Mais, le second registre étroitement subordonné au premier. Une erreur de travail prend en effet immédiatement la forme d’un risque pour soi et les autres, au-delà de son caractère déviant du point de vue organisationnel. Dans un tel contexte la répression systématique des déviances risquerait fort d’être contre-productive si elle conduisait les travailleurs à cacher leurs erreurs pour éviter la réprimande, au risque qu’un dysfonctionnement minime génère un dysfonctionnement majeur. Dans un tel contexte, les travailleurs n’agissent pas tant sous la peur de sanctions émises par le pouvoir hiérarchique, lui-même dilué dans un complexe dispositif bureaucratico-informatique qui irrigue l’organisation de la base au sommet, que sous celle de l’accident. Le danger omniprésent dans ces industries agit ainsi comme un puissant facteur de régulation sociale.

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