La ‘journée des femmes’ dans la presse est-allemande : quelle mobilisation des différents publics ?

Résumé En

La « Journée des femmes » (Frauentag) du 8 mars est aujourd’hui célébrée dans de nombreux pays ; et s’il s’agit désormais en grande partie d’une fête à caractère commercial, elle est aussi l’occasion, chaque année, de débats sur la condition féminine d’une part, sur la pertinence même d’une journée dédiée aux femmes d’autre part (les 364 autres jours de l’année seraient-ils donc dédiés aux hommes ?). En Allemagne, cette fête a une longue tradition et a été reconnue comme jour férié en 2019 par le Land de Berlin ; et comme elle avait une importance particulière en RDA, nombreux sont ceux qui pensent qu’elle en est un héritage. Nous proposons dans cette contribution d’examiner à partir de sources de presse comment la « Journée des femmes » s’est effectivement imposée comme essentielle pour le régime est-allemand dans sa mobilisation de la population féminine – mobilisation économique, sociale, politique avec une forte dimension pacifiste. Nous présentons dans un premier temps quelques éléments pour saisir la signification de cette journée particulière dans un pays où les paradoxes de la condition féminine ne manquent pas , et où les exigences de la reconstruction, puis l’hémorragie des forces vives jusqu’en 1961, ont rendu la main-d’œuvre féminine essentielle. Nous évoquons ensuite l’intérêt et les limites de notre corpus d’analyse, ainsi que quelques éléments de méthode. Nous nous attardons enfin sur l’évolution des discours médiatiques dans Neues Deutschland (journal du Parti SED) et Neue Zeit (l’organe de la CDU-Ost qui faisait partie des « Blockparteien »).