12 août 2022
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Clémentine Girault, « Les biches comme mères dans l’exégèse médiévale », HAL-SHS : études de genres, ID : 10.4000/clio.21385
Alors que l’on trouvait dix biches dans le texte hébreu, la traduction de l’Ancien Testament en latin par saint Jérôme n’en conserve que trois : celles qui étaient associées à un faon (Jb. 39, 1 ; Pr. 5, 19 et Jr. 14, 5). Les théologiens, suivant le commentaire de Bède, trouvent dans le verset des Proverbes un support fécond pour des analogies mariales, ecclésiales et conjugales, faisant de la biche un modèle de maternité. Celui-ci culmine au xiie siècle sous l’influence du culte de la Vierge. Parallèlement, une autre tradition exégétique inspirée de Grégoire le Grand voit dans la douleur des biches parturientes de Job et Jérémie un parallèle avec celle des prédicateurs et apôtres. Cette association a priori surprenante avec des personnages masculins éclaire en fait la construction fluide du genre au Moyen Âge. Enfin, l’évolution du motif de l’analogie biche-Christ, dans les textes comme dans les images, permet d’appréhender la façon dont les biches perdent progressivement leur ambivalence et se féminisent à la fin de la période.