Hormonothérapie injectable et réduction des risques : pratiques, difficultés, santé des personnes trans en France

Résumé Fr En

Introduction : Les pratiques relatives à l’observance des hormonothérapies substitutives chez les personnes trans sont peu étudiées. Pour une grande partie de ces personnes, l’hormonothérapie est administrée par voie parentérale. Or l’indisponibilité de certains traitements en France, associée à une prise en charge institutionnelle défaillante, éloigne les injecteur·rice·s du système de soin et favorise des pratiques d’injection potentiellement à risques. Suite à une augmentation notable du nombre de personnes trans dans sa file active, l’association Safe, coordinatrice du dispositif de réduction des risques à distance en France, a mené une étude descriptive transversale de décembre 2020 à février 2021 à l’aide d’un questionnaire en ligne, complété anonymement et en autonomie. But de l’étude : L’objectif est de mieux connaître le profil des personnes trans injectrices et leurs pratiques d’injection. Résultats : Nous avons pu observer qu’une proportion notable d’injecteur·rice·s trans ne bénéficiait pas d’accompagnement professionnel, aussi bien pour l’obtention du traitement que pour réaliser l’injection. Cette situation peut mener à certains mésusages du matériel comme le partage ou la réutilisation de celui-ci, qui présentent des risques non négligeables pour la santé. Cela est d’autant plus vrai pour les injecteur·rice·s dont le traitement n’est pas accessible légalement et qui se fournissent via des marchés parallèles. Cette étude souligne également l’importance des associations d’auto-support pour accompagner la transition. Conclusions : Nous proposons donc la mise en œuvre d’une politique de réduction des risques, adaptée aux pratiques des personnes trans, afin de mieux accompagner cette population et d’éviter l’apparition de problèmes de santé importants comme l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine.

Introduction: Hormone therapy (HT) adherence practices among trans people are poorly studied. For a large proportion of these people, HT is administered parenterally. The unavailability of certain treatments in France, combined with poor institutional care, keeps injectors away from the health care system and encourages potentially risky injection practices. Following a significant increase in the number of trans people in its active list, the association Safe, coordinator of the remote harm reduction system in France, conducted a cross-sectional descriptive study from December 2020 to February 2021 using an anonymous self-administered online questionnaire. Purpose of research: The objective is to better understand the profile of trans people who inject their HT and their injection practices. Results: We observed that a significant proportion of trans injectors do not benefit from professional support, either to obtain treatment or to carry out the injection. This situation can lead to certain misuses of medical supplies, such as needle sharing or reuse, which present significant health risks. This is especially true for injectors whose treatment is not legally available and who obtain it through parallel markets. This study also underlines the importance of self-support associations to accompany transition. Conclusions: We therefore propose that a harm reduction policy adapted to the practices of trans people be implemented in order to better support this population and avoid the emergence of major health problems such as HIV infection.

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