2010
Cairn
Serge Boarini, « Chapitre 7. Les sens du don ; l'essence du don : Que donne-t-on de « soi » dans le don d'organes ? », Journal International de Bioéthique, ID : 10670/1.h49tvp
Notre étude s’efforce de montrer qu’un constat empirique, la faiblesse des dons d’éléments du corps humain en France, peut s’expliquer par la peur d’une perte ontologique et anthropologique : donner, c’est renoncer, perdre, se déposséder. L’argumentation s’attache, d’une part, à dégager les sens communs du don qui alimentent implicitement cette conduite, d’autre part, à proposer une relation de soi à soi puis de soi aux autres à travers diverses représentations de la possession de son corps. Ainsi dans une pratique sociale dont l’intention est médicale (collecter du sang ; prélever un organe) se lisent d’une part une question métaphysique très ancienne, celle de la relation du moi au corps, d’autre part une question éthico-juridique, celle du droit sur son corps et de son corps, enfin, une question éthico-politique, celle des engagements des hommes les uns envers les autres créés et maintenus non pas seulement par les volontés et les délibérations rationnelles, mais par les éléments du corps de chacun.