18 septembre 2020
Thomas Leconte, « The Lily and the Cross: the public devotions of the King of France in the Grand Siècle and the construction of a "sound image" of the religionof the prince », HAL-SHS : histoire des religions, ID : 10670/1.h57dit
Après les troubles religieux qui ensanglantèrent la France à la fin de la Renaissance, les trois premiers rois Bourbons – Henri IV, Louis XIII et surtout Louis XIV – s’attachèrent à réaffirmer l’autorité monarchique et à asseoir la légitimité de la nouvelle dynastie. Cette reconquête s’appuyait essentiellement sur la réaffirmation des principes de l’église gallicane qui, tout en reconnaissant l’autorité spirituelle du pape, revendiquait une certaine autonomie. Par l’onction du sacre, le roi de France lui-même détenait son pouvoir de Dieu même, et ne reconnaissait au pape qu’une autorité morale sur la catholicité. Les dévotions publiques, tant à l’ordinaire qu’à l’extraordinaire, des trois premiers Bourbons sont le reflet de cette dichotomie. Tout au long du XVIIe siècle, Henri IV, Louis XIII et Louis XIV veillèrent ainsi eux-mêmes à la construction d’une liturgie susceptible d’exprimer pleinement cette autorité du monarque, mais aussi de souligner et affirmer un respect fort et sincère envers Rome. La manière selon laquelle s’est construite cette liturgie royale illustre pleinement cette nécessité, d’une nouvelle marque de la majesté, capable de représenter avec magnificence mais aussi avec ferveur la religion du souverain, qui devait incarner aux yeux des courtisans et de l’ensemble de ses sujets cette autorité à la fois temporelle et spirituelle. Qui dit nouvelle liturgie dit musique spécifique. Mêlant des éléments issus des traditions post-tridentines (symbolisant en quelque sorte l’immuabilité, la dignité de l’Église et la fidélité envers Rome) et des langages plus modernes (par lesquels pourraient s’exprimer l’autorité temporelle du souverain), les motets chantés par la Musique du roi lors des grandes cérémonies religieuses d’apparat comme durant la messe quotidienne du souverain en constituent autant de reflets sonores de cette démarche.Cette présentation s’attachera ainsi à montrer les modalités de cette construction complexe, les différents paramètres qui ont permis cette nouvelle expression de la religion du prince, et comment la musique constitue un véritable prolongement sonore de cette liturgie royale.