19 novembre 2021
Adeline Blaszkiewicz, « « Le socialisme au travail. Albert Thomas (1878-1932) » », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.h5dww6
Cette thèse consiste en une biographie politique d’Albert Thomas (1878-1932), militant, maire et député socialiste français, sous-secrétaire d’État puis ministre de l’Armement pendant la Première Guerre mondiale et enfin premier directeur du Bureau international du Travail (BIT) à partir de 1919.Ce travail part du constat de l’absence d’une étude globale et actualisée sur le parcours de cet acteur majeur de l’histoire politique, économique et sociale de la Belle Époque à l’entre-deux-guerres. Il s’appuie sur une abondante documentation, principalement conservée aux Archives nationales à Pierrefitte-sur-Seine et aux Archives historiques de l’Organisation internationale du Travail (OIT) à Genève. L’approche adoptée se situe au carrefour de trois champs historiographiques : l’histoire politique des élites républicaines, l’histoire sociale du travail, en particulier en contexte de guerre et l’histoire des organisations internationales.La démonstration se focalise en particulier sur le parcours d’Albert Thomas au sein du socialisme français et international. Elle souligne que ce leader d’un courant réformiste ouvertement assumé inaugure une voie social-démocrate à la française contrariée par le cours des évènements de la Première Guerre mondiale et de la révolution russe d’octobre 1917. La légende noire du « ministre des obus » a longtemps déconsidéré sa participation à l’Union sacrée comme un « passé qui ne passe pas » de la gauche française et empêché l’écriture d’une histoire dépassionnée des ressorts d’une expérience ministérielle au cœur de la politique de mobilisation économique et sociale de la France en guerre.Cette thèse interroge la carrière politique d’un acteur, pris entre patriotisme républicain et internationalisme socialiste, à l’épreuve de la guerre et de la recomposition de sa famille politique. Explorer les interactions entre les échelles locale, nationale et internationale de l’activité politique d’Albert Thomas permet de remettre en cause l’idée que le départ pour le Bureau international du Travail entérine son retrait définitif de la vie politique nationale et sa marginalisation au sein des réseaux socialistes.Ce travail étudie enfin la pluri-appartenance d’un acteur qui se trouve au croisement de divers milieux et de multiples engagements politiques, associatifs et syndicaux. Par l’étude des réseaux, en particulier socialistes, sur lesquels il s’appuie pour faire fonctionner le BIT, secrétariat de l’OIT créée après-guerre pour préserver la paix par la justice sociale, ce travail souligne les circulations entre l’internationalisme libéral de la réforme sociale et l’internationalisme socialiste qu’incarne le parcours de ce réformateur-réformiste.