La parole du fou dans le Jeu de la Feuillée

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Parler du fou dans le Jeu de la Feuillée peut sembler une gageure : cette pièce de théâtre composée par le poète Adam de la Halle et représentée à Arras en 1276 a déjà suscité bien des travaux critiques et le personnage du fou lui-même, le dervé, a retenu l’attention de médiévistes aussi émérites que Jean Dufournet, Roger Dragonetti ou Charles Mauron, pour ne citer qu’eux. Dans ces conditions, on pourrait se demander s’il est encore possible d’écrire du nouveau sur ce sujet si ce n’est par le biais de la parole, du discours du fou analysé en lui-même. Les personnages pris de folie ne sont pas rares, en effet, dans la littérature médiévale : Roland, Tristan, Yvain ont subi ces crises de démence passagère, mais il s’agissait d’une folie qui les privait de langage. L’originalité d’Adam de la Halle réside dans le fait qu’il a le premier donné la parole à un forcené figurant parmi les personnages à part entière de sa pièce. Or, si les propos du dervé constituent un facteur intrinsèque de désordre et de chaos, ils finissent paradoxalement par proposer un ordre d’une autre nature car ils délivrent une image distanciée, à la fois tragique et comique, de la société humaine.

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