Prévalence et incidence des infections sexuellement transmissibles dans une cohorte de travailleuses du sexe à San Pedro, Côte d’Ivoire (Projet ANRS 12381 Princesse)

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Objectif : Estimer la prévalence et l’incidence des infections sexuellement transmissibles (IST) chez des travailleuses du sexe (TS) en Côte d’Ivoire Méthodes : Le projet ANRS 12381 Princesse est une cohorte interventionnelle mono-bras, dont les inclusions ont débuté le 26/11/2019, visant à évaluer une offre de soins globale et communautaire auprès des TS de ≥18 ans dans la région de San Pedro. L’offre de soins comprend un dépistage syndromique trimestriel des IST, ainsi que des prélèvements vaginaux et anaux à la recherche de chlamydia trachomatis (CT) et de neisseria gonorrhée (NG) par polymerase chain reaction (PCR) réalisés à M0 (inclusion), M12 et M24. A ces mêmes visites, la recherche de lésions dysplasiques et/ou précancéreuses du col de l’utérus est effectuée par inspection visuelle après application de l’acide acétique et de lugol. En cas de diagnostic positif, les TS sont prises en charge selon l’algorithme national ou référées en cas de complications. Nous décrivons ici i) les caractéristiques des lésions du col ainsi que la prévalence des IST (syndromiques et par PCR) et des symptômes associés à l’inclusion, et ii) l’incidence des IST syndromiques au cours du suivi. Résultats : Au 27/11 2021, 372 TS étaient incluses dans la cohorte Princesse. L’âge médian était de 29 ans [Intervalle interquartile (IIQ) : 24–35], 125 (33,6%) n’avaient jamais été scolarisées, 210 (56,0%) étaient des ivoiriennes, et la durée médiane d’activité de travail du sexe était de 2 ans (IIQ= 0-5). A l’inclusion, 4,7% (Intervalle de confiance à 95% (IC95) [2,8-7,5]) présentaient des lésions du col avec 3,5% de leucoplasies et 2,2% de zone de jonction du col hémorragique. La prévalence des IST syndromiques était de 17,2% (IC95 [13,0-22,6]) ; les signes cliniques associées étaient des écoulement vaginaux (13,7%), des ulcérations vaginales (2,1%), des douleurs abdominales basses (4,3%) et l’inflammation du col de l’utérus (2,6%). Les prévalences de CT et de NG ano-vaginales étaient respectivement de 8,7% (IC95 [6,2-12,1]), et 10,4% [IC95[7,6-13,9]) ; la présence des signes cliniques a été retrouvée chez 2,4% des TS diagnostiquée positives au CT et chez 12,2% chez celles positives à NG. La majorité des TS avec une IST syndromique n’avaient pas d’infection à CT ni de NG. Au cours du suivi, 82 cas d’IST syndromiques ont été observés pour 209 personnes-année (PA), soit une incidence de 39,1% PA (IC95 [31,1-49,0]). Les données à M12 et M 24 sont en cours de consolidation et permettront l’estimation des incidences respectives de CT et NG début 2022. Conclusion : Cette étude montre une prévalence élevée et une forte incidence des IST syndromiques parmi les TS de la cohorte Princesse, soulignant l’importance et l’intérêt d’un suivi régulier et une intensification des mesures de prévention traditionnelles (préservatifs – gels – sensibilisation) afin de réduire les IST. Les résultats mettent également en évidence le caractère majoritairement asymptomatique des IST découvertes par PCR dans cette population à risque, et donc l’importance de coupler le dépistage syndromique et les analyses de PCR.

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