8 juillet 2024
« 224108.pdf », OAPEN Library Society and social sciences, ID : 10670/1.haghy1
L’opposition entre typologie et allégorie est une construction moderne qui ne favorise pas la compréhension de la typologie patristique. Une lecture de textes patristiques à la lumière des travaux de Frances Young permet de dégager « trois voies de la typologie » dans l’Antiquité chrétienne : la mímêsis iconique d’Antioche ; la mímêsis symbolique d’Alexandrie ; et une approche syrienne onto-symbolique où le Christ est la clef herméneutique de la création. Dans ces trois approches, la figure possède une valeur ontologique et participe à l’être de son modèle. Une étude de trois anciennes anaphores de trois Églises permet de voir que ces « trois voies » de la typologie biblique ont imprimé leur « figure » dans la prière et la théologie eucharistiques de ces Églises. Mais à l’époque carolingienne, les traités eucharistiques de Paschase Radbert et de Ratramne de Corbie montrent que ces conceptions typologiques ne fonctionnaient plus. L’étude de sources liturgiques gallicanes et romaines montrent que les premières fonctionnaient selon le mode de la mímêsis symbolique, et les deuxièmes selon le mode de la mímêsis iconique. Cependant, dès le VIIIe siècle, les liturgies gallicanes commençaient à perdre leur enracinement typologique, en particulier sous l’influence des messes votives et d’une nouvelle spiritualité pénitentielle. Dans le processus du passage en pays franc à une liturgie romano-franque, le fond propre de la liturgie romaine a été réinterprété selon les catégories de la liturgie gallicane qu’elle avait déplacées : la mímêsis caractéristique de chaque famille s’est effacée au profit d’approches herméneutiques : celle d’une théologie déjà préscolastique (de Paschase et de Ratramne), et celle d’une mímêsis dramatique et d’une allégorie explicative, développées par Amalaire.