2007
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Patrick Mathieu, « Paul et Virginie : de l'éradication du Père à l'inceste adelphique », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.ham9sr
C'est dans le nom du père qu'il nous faut reconnaître le support de la fonction symbolique qui depuis l'orée des temps historiques, identifie sa personne à la figure de la loi. 1 Peut-on encore trouver quelque intérêt à l'étude de Paul et Virginie, autre que celui de la pastorale ou de l'exotisme rêveur cher au préromantisme, des schémas narratifs et mythologiques et plus largement de l'insertion de l'oeuvre dans la pensée du dix-huitième siècle français ? Le genre très codifié paraît ne laisser guère de choix, tant il définit les approches du texte : idylle, utopie, exotisme semblent à eux seuls conditionner le récit et répondre en même temps aux questions qu'il soulève ; cependant, le nombre d'incohérences à l'oeuvre, les conditions même de sa première publication 2 et les distorsions faites au genre font que le récit de Saint-Pierre exprime autre chose qu'une volonté de renouer avec l'Age d'Or dans une récriture biblique, didactique et vertueuse. L'étude de la paternité, par les problématiques liées de la filiation et des liens relationnels qui unissent les personnages, permet de sortir de ces catégories prédéterminées et trouve son entière justification si l'on se souvient que le récit débute par une nidification 3 , les deux femmes exclues de la société française cherchant « asile » sur l'île Maurice, alors Ile de France. De ce « nid » sortiront Paul et Virginie, jumeaux inséparables comme les Dioscures issus de l'oeuf de Léda : Ces deux têtes charmantes renfermées sous ce jupon bouffant me rappelèrent les enfants de Léda enclos dans la même coquille 4 .