2020
Cairn
Christophe David, « Rage against the machines : Notes sur l’affect antitechnologique », Écologie & politique, ID : 10670/1.hbfram
Décrire le monde actuel comme un monde de machines tolérant encore des humains plus que comme un monde humain équipé de machines semble une proposition juste réaliste. Bien que l’on nous répète à l’envie que la technique est neutre, les machines dans le monde desquelles nous essayons de continuer à vivre aussi humainement que possible ne nous laissent pas indifférents. On nous demande de les aimer – et certains les adorent… –, mais nous ne pouvons parfois empêcher la haine qu’elles nous inspirent de s’exprimer. Au point de vouloir les détruire. Elles obligent les hommes à vivre à hauteur de mort. Elles peuvent en pousser certains au suicide, en pousser d’autres à tuer des ingénieurs ou des revendeurs. Le monde des machines est un monde de bruit et de fureur, un monde totalitaire qui se conserve en liquidant systématiquement ses adversaires. Que peut-on faire contre elles ? Elles ont déjà vaincu les luddites anglais des années 1810 et c’est, portée par l’ivresse de cette victoire, que la révolution industrielle a pu s’accomplir. Les néoluddites américains des années 1990 ont peut-être baissé les bras un peu vite. Où en sommes-nous aujourd’hui dans ce monde où les machines semblent l’avoir emporté ? La lutte continue, bien sûr. Pas question de se résigner et de prendre la triste pose de vaincus intègres. Dans ce combat, la rage doit être notre énergie.