30 novembre 2020
Charlotte Bezamat-Mantes, « Analyse géopolitique des stratégies territoriales pour l’autodétermination des Premières Nations : le cas des réserves urbaines à Saskatoon et Winnipeg », HAL-SHS : architecture, ID : 10670/1.hbuti3
Au Canada, les membres des Premières Nations – l’un des trois peuples autochtones – connaissent souvent des conditions socio-économiques difficiles et leurs gouvernements sont financièrement dépendants du gouvernement fédéral, ce qui restreint la mise en œuvre de leur droit à l’autodétermination. Certaines Premières Nations mettent en place une stratégie de développement économique urbain inédite, grâce à l’établissement de réserves indiennes en ville, qui catalysent des rivalités de pouvoir pour le contrôle du territoire entre les gouvernements autochtones, fédéral, municipaux et provinciaux. Cette thèse utilise la méthode géopolitique pour explorer la manière dont les réserves urbaines reconfigurent les relations intergouvernementales des Premières Nations à travers la redéfinition de leurs rôles et de leur place dans la ville. Elle s’appuie sur trois cas d’étude : la Première Nation de Long Plain et les Premières Nations du Traité n°1 à Winnipeg et la Nation Crie de Muskeg Lake à Saskatoon. Ils révèlent que les réserves urbaines sont des zones de contact intergouvernemental structurées par un rapport de forces à l’avantage du gouvernement fédéral et des municipalités. La présence en ville des Premières Nations est acceptée quand elle est de nature économique, mais leur autorité politique y est remise en cause par les municipalités et contrainte par la Loi fédérale sur les Indiens. Les réserves urbaines participent à l’accroissement de l’autosuffisance financière des gouvernements autochtones, et ainsi à leur autonomie politique, mais elles résultent en même temps en un encadrement municipal et fédéral de la souveraineté autochtone dans les territoires urbains.