Genre et violences sexuelles commises contre des enfants dans les registres judiciaires de Bologne au xve siècle

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2018

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Didier Lett, « Genre et violences sexuelles commises contre des enfants dans les registres judiciaires de Bologne au xve siècle », Annales de démographie historique, ID : 10670/1.hc55i4


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Dans les registres de la justice pénale ( libri maleficiorum) de Bologne entre 1383 et 1491, ont pu être comptabilisés plus de cent viols d’enfants ou d’adolescents, autant de garçons que de filles. Malgré ce parfait équilibre statistique entre les sexes, on observe de profondes différences entre les violences perpétrées contre les filles et les sévices imposés aux garçons. Les filles, dont on connaît presque toujours le prénom, sont, en moyenne, abusées à un âge plus précoce que les garçons. Pour souligner leur non consentement (car il ne va pas de soi à la fin du Moyen Âge), le notaire insiste sur le fait qu’elles mènent une vie honnête et n’ont pas pu crier au moment du drame. Elles sont souvent frappées avant, pendant et parfois après les violences subies. Elles sont « connues charnellement et de manière violente », comme le sont les femmes adultes. Les peines imposées à leur agresseur sont relativement légères, souvent pécuniaires. En revanche, les garçons, en moyenne un peu plus âgés que les filles et dont il semble très souvent préférable de taire l’identité, sont sodomisés. Cette pénétration anale donne lieu de la part du notaire à un récit plus détaillé du coït et surtout à de très riches et nombreux termes juridiques visant à disqualifier le coupable et l’acte et à proclamer l’abomination du crime qui outrage non seulement les statuts de la cité et la vie de la commune mais aussi les bonnes mœurs et Dieu. Pour ce type de « sodomites », pervers, les peines sont donc beaucoup plus lourdes (souvent la peine capitale par le feu). Cet article cherche aussi à poser la question de l’existence ou non, au cours du xve siècle à Bologne, d’un crime spécifique pour désigner les violences sexuelles commises contre des enfants qui s’apparenterait à ce que nous nommons aujourd’hui « pédophilie ».

In the criminal justice registers ( libri maleficiorum) of Bologna between 1383 and 1491, more than 100 rapes of children or adolescents, as many boys as girls, were recorded. Despite this perfect statistical balance between the sexes, there are profound differences between the violence perpetrated against girls and the abuse inflicted on boys. Girls, whose names are almost always known, are, on average, abused at an earlier age than boys. To emphasize their non-consent (because it is not obvious in the late Middle Ages), the notary insists that they lead an honest life and could not cry at the time of the tragedy. They are often beaten before, during and sometimes after the sexual abuse. They are “carnally and violently known,” as are adult women. The sentences imposed on their aggressor are relatively light, often pecuniary. On the other hand, boys, on average a little older than girls and whose identity is often hided, are sodomized. This anal penetration justifies for the notary a more detailed account of coitus and especially the display of a very rich vocabulary with many legal terms in order to disqualify both the culprit and the act, and to proclaim the abomination of the crime which outrages not only the statutes of the city and the life of the commune but also good morals and God. For this type of “sodomites”, perverse, the penalties are much heavier (often the capital punishment by fire).This article also questions the existence or not, during the xvth century in Bologna, of a specific crime to designate the sexual violence committed against children which would look like what we call today “pedophilia”.

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