La part du mouvement - Mettre en scène le parcours dans les guides publiés en France et aux Etats-Unis, 19ème-20ème siècle

Résumé Fr

Les guides touristiques, en opérant un tri de l’information et une hiérarchisation des qualités des lieux, agissent comme des systèmes de recommandations de ce qu’il convient de voir (comme le montre de nombreux articles sur ce thème, par exemple dans Chabaud et al. 2000). Ces lieux sont autant de stations, éléments fixes, qui invitent le lecteur-voyageur à s’arrêter et dont la description textuelle et l’illustration occupent une grande partie des guides. L’appareil iconographique des guides Hachette lyonnais publiés au vingtième siècle est ainsi constitué en grande majorité de « vues urbaines extérieures représentant des statues monumentales et des façades » (Petermann, 2018, p. 8). Pourtant, le guide touristique, quelle que soit sa finalité est, a priori, en premier lieu concerné par le mouvement, moteur de la découverte de l’espace étranger. A ce titre, un grand nombre de guides imprimés suggèrent des propositions d’itinéraire thématiques ou géographiques, lorsqu’ils ne s’organisent pas totalement sous cette forme (à l’image de certains des guides Appleton publiés à New York dans la seconde moitié du 19ème siècle). Mais, l’espace de la circulation semble être bien souvent celui de « l’étendue non-intéressante » pour reprendre les termes de Jules Gritti (Gritti, 1967). Il a en tout cas une place que l’on serait tenté de qualifier de paradoxale.Certains travaux ont abordé la place accordée à la représentation des voyageurs sur les cartes ou les brochures publiées aux Etats-Unis (Yorke et al., 1996, Margolies, 2000, Akerman, 2002…), d’autres ont noté comment l’évolution des techniques de transports se retrouve dans l’iconographie des guides et cartes (Bertho Lavenir, 1999, Devanthéry, 2016…). Mais la présente communication s’attache à identifier le rôle accordé, dans les guides, à l’illustration du voyage en tant que déplacement, dans une perspective systématique et comparatiste. Pour cela, deux éléments sont étudiés : les cartes d’itinéraire et les avatars du mouvement que sont les représentations des voyageurs ou des moyens de mobilité. Plusieurs collections de guides sont exploitées pour dresser une perspective comparatiste et diachronique (1850-1950) entre productions françaises et américaines, notamment les guides Appleton et Joanne pour le dix-neuvième siècle, ou encore les guides du Touring Club de France et les Automobile Blue Books pour le début du vingtième. La comparaison permet de dresser une typologie des représentations et d’identifier une forte variation dans le contenu des guides, tant en termes quantitatifs qu’en termes thématiques. Elle reflète la place différenciée des imaginaires de la route en France et aux Etats-Unis, de même que celle attribuée à la représentation cartographique.Cette proposition de communication invite, dans une perspective de géographie culturelle et d’histoire des représentations, à questionner l’imaginaire du voyage au prisme de la place accordé à la représentation du mouvement. Elle pourrait faire écho aux axes du colloque « l’illustration dans l’édition du guide touristique imprimé » ainsi que « l’objet de l’illustration » dans les guides.