21 octobre 2022
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Mathias Gibert, « La subversion de la perspective : recherches philosophiques sur les origines du perspectivisme », HAL-SHS : philosophie, ID : 10670/1.he81km
Le sens de cette thèse est de s’interroger sur les origines du « perspectivisme » afin de sortir d’une indétermination conceptuelle qui hante ses usages contemporains. Il s’agit donc, à partir d’une analyse critique de l’idée de perspective conçue comme l’institution d’un ordre humain, d’en étudier sa traduction métaphysique à partir de sa tension comme inclusion de l’infini dans le fini chez Nicolas de Cues, entre inversion médiévale et institution humaniste. Le « perspectivisme » du Cusain, posant en un sens nouveau la finitude nous permet de reconstruire le problème des formes de « perspectivisme » de l’âge classique : chez Pascal d’une part, avec l’assomption métaphysique des conséquences baroques de la géométrie projective (Desargues) et chez Descartes d’autre part avec sa naturalisation optique (Kepler) intégrée dans la conception classique de la représentation, pour se retrouver reprise et approfondie en deux directions radicalement incompatibles chez Leibniz et Spinoza,Ainsi, contrairement au relativisme auquel on l’associe trop vite, comme « point de vue » ou « interprétation » subjective, il s’agit de comprendre que le « perspectivisme » au sens fort du terme, loin d’être dépendant d’une subjectivité constituante représenterait davantage la subversion d’un schème conceptuel (esthétique, optique et géométrique) constitutif d’un certain imaginaire de cette subjectivité moderne et de son « monde humain » dont il serait à concevoir comme le dépassement vers d'autres récits, d’autres mondes, d’autres natures, qui ne seraient plus centrés sur la figure de l’homme. Il faut donc se demander si ce nouveau naturalisme que semble défendre le perspectivisme au sens fort peut réellement prendre en charge un sens philosophique de ce schème subverti de la perspective afin de penser autrement le sens de la finitude et le récit des relations entre l’homme et le monde, ou bien si la perspective et le perspectivisme sont condamnés à demeurer cette expression faible et ambiguë d’un humanisme et d’une subjectivité indépassables.