Repenser l’urbain depuis l’Afrique

Résumé Fr

Ce numéro se propose d’apporter un éclairage novateur, non sous l’angle d’une quelconque particularité supposée des villes en Afrique, contrairement à une approche longtemps essentialiste qui assignait les Africains à la ruralité et les villes à des exceptionnalités, mais pour montrer, à partir d’exemples localisés et de thématiques précises, leur insertion dans une historiographie globale. Il s’agit aussi d’illustrer en quoi des études de cas ancrées sur ce continent renouvellent ou enrichissent la réflexion générale du fait urbain qui a été, en Afrique comme ailleurs, un processus économique, social et politique stratifié mais dont les couches historiques les plus anciennes et celles invisibilisées par l’absence de traces documentaires restent parfois difficiles à dévoiler. Les études s’échelonnent entre des temps lointains, alors que les villes s’épanouissent sur les plateaux éthiopiens (Anaïs Wion) ou au Sahel, mais n’ont laissé que des traces furtives sur la façade atlantique occidentale (Gérard Chouin), et le très contemporain où des témoignages oraux complétés par des fragments d’archives (Heloïse Kiriakou, Marta Montanini, Sara Panata) et des gestes artistiques négligés (Aline Pighin) permettent d’écrire l’histoire, sans oublier le temps colonial (Alexandre Audard, Daouda Gary-Tounkara). Le silence involontaire des sources en Afrique impose de rompre le fil de la continuité historique mais révèle un choix scientifique assumé ici comme ailleurs, celui qui préfère à l’illusion de la grande fresque des approches resserrées sur des moments, des situations et des lieux, une histoire incomplète, consentante aux découvertes encore à faire.