Les discours d’inaction climatique dans la communauté scientifique

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Les scientifiques sont vus dans la société et présentés dans les médias comme des lanceurs d’alerte à propos des crises environnementales. Malgré cela, de nombreux indices suggèrent que l’institution scientifique dans son ensemble peine à s’engager dans une transition écologique à la hauteur des enjeux. Nous explorons ici cette ambiguïté en étudiant les discours de résistance à l’action climatique au sein de la communauté scientifique, en faisant appel à la typologie des « discours d’inaction climatique » de William Lamb et ses collègues. Les discours de membres du personnel scientifique ont été recueillis dans plusieurs laboratoires et instances universitaires de Toulouse et Bordeaux. Nous montrons dans un premier temps que tous les arguments classiquement associés à l’inaction climatique se retrouvent dans les discours des scientifiques. Les mêmes logiques culturelles de verrouillage apparaissent donc à l’ œ uvre au sein de la communauté scientifique et dans le reste de la société. Dans un second temps, nous relevons l’existence de plusieurs arguments spécifiques au monde sientifique. Ceux-ci se fondent sur une épistémologie de sens commun (neutralité, liberté académique, valeur intrinsèque de « la science », etc.) qui semble jouer un rôle majeur dans la résistance des scientifiques à envisager la modification de leurs pratiques.

Scientists are often seen as whistleblowers on environmental crises. Despite this, there are many indications that the scientific community as a whole fails to commit to a successful ecological transition. In this paper, we explore this ambiguity by studying the discourses of resistance to climate action within the scientific community. We use a typology of the “discourses of climate delay” developed by William Lamb and its colleagues to analyze a corpus of scientists discourses collected from several laboratories and university meetings in Toulouse and Bordeaux. We first show that all the arguments traditionally associated with climate inaction can be found in the scientists’ discourses. The same cultural logics appear to be at work within the scientific community as in the rest of the society. Secondly, we note the existence of several arguments specific to the scientific community. These are based on a common sense epistemology (neutrality, academic freedom, the intrinsic value of “science”, etc.) which seems to be a major factor in the scientists resistance to change their practices.

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