Y a-t-il une « école de Strasbourg » ?

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2008

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Résumé Fr

la lecture des contributions à ce numéro de la Revue des sciences sociales est un réel plaisir, aussi bien pour les Alsaciens intéressés par leur histoire que pour les étudiants qui font ou on fait leurs études à Strasbourg, les enseignants et les chercheurs qui y travaillent, et plus généralement ceux qui s'intéressent à l'histoire de la sociologie, une discipline qui a été d'une certaine façon configurée à sa naissance à la fin du XIX e siècle par la tension entre France et Allemagne. Un plaisir, parce que leurs pages sont productrices de sens : loin d'être une succession de mono-graphies sans liens entre elles – ce qu'on aurait pu craindre, car le genre prête aux dérives hagiographiques - , les articles consacrés ici aux figures qui ont oeuvré depuis Strasbourg à la constitution de la discipline ne cessent de se répondre les uns les autres, révélant comme dans un roman à épisodes les connivences entre personnages, leurs rapprochements ou leurs différends, ainsi que les constantes interactions entre les registres inter-personnel, scientifique, idéologique et politique. Construction de la sociologie : une approche polémologique n On ne peut qu'être tenté de reprendre l'outillage conceptuel de la polémologie, comme nous y invite Stéphane Jonas dans ses deux contributions , pour décrire le creuset dans lequel se constituent et se déploient, en ce lieu particulier, les sciences sociales. Au cours de la période d'un siècle que couvre en gros ce numéro, Strasbourg est, au sens stratégique du terme, un « théâtre d'opérations » : les antagonismes qui vont organiser durablement la sociologie entre des épistémologies différentes (sciences de la nature vs. sciences de l'homme), entre des méthodes (qualitatives vs. quantitatives), des niveaux d'approche (macro vs. micro), des perspectives (orientées système vs. orientées acteur) également différents trouvent leur répondant dans les fractures du monde de l'époque, entre Allemagne et France, entre la capitale (qu'elle soit berlinoise ou parisienne) et la ville de province, entre les universitaires « parachutés » et l'irrédentisme local qui leur donne matière à infléchir leurs idées. Des modes d'approche qui devraient être multiples et complémentaires en viennent à se simplifier et à se substantialiser dans des catégories qui tiennent leur consistance surtout de leur affrontement duel. On découvre ainsi que l'émergence d'une discipline n'est pas un phénomène purement scientifique, résultant du dialogue raisonné entre des acteurs désintéressés oeuvrant de conserve à l'avancée des connaissances : c'est également un processus conflictuel, qui relève en tant que tel de la sociologie. Dans un ouvrage récent consacré à la dynamique des controverses scientifiques (Schmoll 2008), nous plaidons pour une approche polémologique de la construction et de la diffusion des savoirs.

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