1 juin 2023
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Caroline Marty, « Caractérisation et délimitation de la catégorie des libfixes en anglais », Anglophonia, ID : 10670/1.hlf1qr
Cet article se propose d’étudier le processus morphologique de la libfixation (terme proposé par Zwicky). Les libfixes sont des séquences qui ont été « libérées » de leur lexème d’origine. Nous pouvons citer les exemples suivants : -athon dans zumbathon, -licious dans bookilicious, -(a)holic dans workaholic ou encore -zilla dans bridezilla. Nous notons l’existence d’une réanalyse morphologique du lexème initial lors de l’extraction du libfixe. En effet, cet élément n’est pas un morphème à part entière dans les éléments d’origine (marathon, delicious, etc.). C’est uniquement lors de leur « libération » qu’ils acquièrent ce statut. L’émergence du libfixe est donc conditionnée par la réanalyse morphologique du lexème d’origine, s’apparentant au phénomène de recutting. Cette réanalyse se double d’une motivation sémantique, c’est-à-dire le passage d’une séquence non morphémique à un morphème à part entière, porteur de sens et prenant part à un processus de composition morphologique transparent. Par exemple, si la séquence -zilla n’est porteuse d’aucun sens dans Godzilla, le libfixe -zilla dénote bien le caractère peu plaisant du référent de la base. On note le passage d’une dénomination opaque, Godzilla, à des dénominations transparentes générées par la construction [nom + -zilla]. Il y a donc une évolution sémantique à l’œuvre. Nous nous proposons d’analyser les propriétés sémantico-syntaxiques des libfixes et la productivité de ce processus de formation morphologique en comparant quarante-neuf morphèmes considérés comme des libfixes dans la littérature (notamment - gate, -maggedon et -tainment, ainsi que ceux cités plus haut). Les données sont issues du English Web Corpus 2015 (Sketch Engine), du Corpus of Contemporary American English (COCA) et du Corpus of Historical American English (COHA). Nous montrerons notamment que la libfixation est un processus de création morphologique générant des schémas très productifs fondés sur des phénomènes de recutting et de sécrétion sémantique. Elle relève d’abord de la créativité linguistique des énonciateurs, qui l’utilisent pour créer des expressions ad hoc. Au fil du temps et de ses emplois variés, le libfixe intègre le stock linguistique de l’énonciateur et constitue une construction à part entière, capable de générer un grand nombre de types.