Le journalisme narratif à l’épreuve du réel. Vers une sociologie en actes

Résumé Fr En

Dans cet article, je me propose d’analyser les mécanismes ayant conduit à l’avènement d’un journalisme lent ( slow journalism) et d’un journalisme narratif qui apparaissent comme une solution de substitution aux formes plus classiques de journalisme, et comme un moyen de produire des reportages au long cours que les magazines et les quotidiens ont de moins en moins la possibilité de financer. Je m’attacherai à montrer que ce nouveau type de journalisme est indissociablement lié à un contexte de crise qui voit le journalisme institutionnel battu en brèche au nom de son essoufflement. Je m’intéresserai aux publications hybrides créées pour accueillir ces articles, les mooks, qui traduisent les tensions traversant le journalisme narratif, entre une volonté de renouvellement des reportages (pendant d’une certaine scientificité) et une subjectivité assumée dans le récit (mais pas dans le traitement des évènements).

This article presents an analysis of the mechanisms that have led to the emergence of “slow journalism” and of a narrative journalism that has appeared as both an alternative to more conventional journalistic approaches and a means of producing long-form reporting of the sort that is less and less possible for daily newspapers and magazines to finance. This new type of journalism is inseparable from the context of the crisis of institutional journalism, which is losing its impetus. Mooks, the hybrid publications in which such articles appear, are also discussed, in terms of the tensions between the effort to renew reporting (which is the counterpart of a certain scientificity) and the subjectivity of reporters, which is acknowledged in the narrative (but not in their treatment of events).