ÉLITES INTELLECTUELLES ET CRISE YOUGOSLAVE (1980 - 1991)

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Journée doctorale : « Le Sud-Est européen au XXe siècle », EHESS, Paris, le 5 mai 2014 Centre d'études byzantines néo-helléniques et sud-est européennes (CEB) ÉLITES INTELLECTUELLES ET CRISE YOUGOSLAVE (1980-1991) Felipe Hernández EHESS, Paris *hernandezg.felipe@gmail.com L'une des spécificités de l'étude du réseau des intellectuels yougoslaves pendant la période de la Yougoslavie socialiste (1945-1991) réside dans le fait que le facteur politique configure l'espace de visibilité sociale dans lequel ces intellectuels agissent. Autrement dit, les élites politiques yougoslave désignent les domaines scientifiques et la façon dont l'histoire, la philosophie, l'art doivent être entendus et étudiés. Cette spécificité nous conduit également à traiter l'élite politique ; celle qui appartient aux sphères du pouvoir (CCLC, CC des Fédérations, entre autres). L'étude de la Yougoslavie socialiste sous Tito et les transformations internes à partir de la fin des années quatre-vingt exigent une approche se focalisant non seulement sur une seule fraction intellectuelle, mais sur les rapports qui existent entre, d'un côté, les intellectuels et l'État (socialiste ou démocrate), et, d'autre part, les intellectuels et leurs antagonistes. De cela découle une deuxième spécificité : afin d'aborder la problématique des intellectuels, il est nécessaire d'analyser la tradition politique et culturelle des intellectuels croates et slovènes d'un côté, et des intellectuels serbes, bosniennes et monténégrines, d'un autre. C'est pourquoi il est important de poser deux questions : 1. Quel est l'impact du communisme sur les intellectuels yougoslaves ? Cette question est importante dans le temps du socialisme (1945-1991). 2. Quel est le rôle des intellectuels dans la constitution des nouveaux États issus de la dislocation de la fédération yougoslave ? Après la Seconde Guerre mondiale, l'élite politique yougoslave a la tâche de faire cohabiter dans le même territoire six fédérations sous le communisme (Serbie, Croatie, Slovénie, Macédoine, Bosnie-Herzégovine, Monténégro, et deux provinces, Kosovo et Voïvodine). Entre 1945 et 1960, la sphère culturelle est l'un des moyens d'unification nationale, dont les intellectuels jouent le rôle de constructeurs du « vrai socialisme », c'est-à-dire, le socialisme autogestionnaire, en opposition au système socialiste soviétique.