2019
Youri Carbonnier, « Les voix de dessus à la Chapelle royale au XVIIIe siècle : castrats, pages et faussets (1715-1792) », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10670/1.hoaolr
La question de savoir qui chantait le dessus à la Chapelle royale est longtemps demeurée une énigme pour les historiens de la musique. Cet article tente d’y répondre en étudiant les différentes composantes de ce pupitre qui, formé de jeunes garçons (les pages), de castrats et de faussets, présente un visage singulier dans le paysage musical français du xviiie siècle. Après quelques hésitations, les femmes en sont définitivement écartées vers 1722, tandis que ce pupitre masculin n’accède guère aux spectacles profanes. Du fait de leurs origines italiennes, les castrats sont les mieux connus: recrutés par le réseau diplomatique français, ils bénéficient à leur arrivée de conditions avantageuses et, au même titre que les pages, d’une formation complémentaire destinée à les familiariser avec le style français. Quelques sources musicales permettent de reconstruire la couleur vocale et le style musical de ce pupitre, tout en s’interrogeant sur les conditions d’exécution de la musique à la Chapelle. Par ailleurs, tous ces chanteurs sont bien implantés à Versailles, comme l’attestent les relations d’amitié ou de voisinage qui émergent des archives. Ces dernières offrent enfin des éclairages sur le quotidien des castrats et surtout des pages, regroupés chez leur maître dans la tradition maîtrisienne.