19 mai 2021
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Pierre-Yves Trouillet, « Que reste-t-il de kâlâpâni ? Prêtres brahmanes migrants et nouvelles frontières de l'hindouisme », HAL-SHS : histoire des religions, ID : 10670/1.hogpsb
Dans l’optique d’interroger certaines dynamiques contemporaines des frontières sociales et territoriales de l’hindouisme, cet article traite de l’interdit brahmanique du voyage hors de l’Inde à partir du point de vue de prêtres brahmanes qui ont émigré pour travailler dans les temples hindous de la diaspora. Le péché que pouvait représenter pour les hautes castes la traversée des « eaux noires » (kālāpāni) de l’Indus et de l’océan Indien est aujourd’hui bien loin de dissuader ces prêtres de temple de voyager ou d’émigrer, et leurs circulations professionnelles participent pleinement de la transnationalisation contemporaine de l’hindouisme. Pour autant, cela ne remet aucunement en cause, selon eux, l’unicité et la primauté du territoire de l’Inde en termes de vertus rituelles, sociales et sotériologiques. De même, les frontières sociales établies vis-à-vis des non-hindous ou des non-brahmanes ne sont pas davantage contestées par ces migrations, puisque le contact avec des individus et des substances considérées comme impures reste une préoccupation majeure pour ces prêtres migrants. Au final, ce qui demeure pour eux de l’interdit de traverser kālāpāni n’est donc pas tant la faute ou la culpabilité d’être parti ailleurs, mais l’enjeu du contact avec l’Autre.