2012
Cairn
Gilles Barroux, « La santé des animaux et l'émergence d'une médecine vétérinaire au xviiie siècle », Revue d'histoire des sciences, ID : 10670/1.hovwrk
Si les maladies des animaux font l’objet de très nombreuses représentations – descriptions, comparaisons, hypothèses – depuis l’Antiquité, c’est au xviiie siècle que s’affirme une médecine vétérinaire à part entière. Sous l’autorité de quelques pionniers, tel Claude Bourgelat, s’édifie une science des pathologies animales, particulièrement celles du cheval, et s’institutionnalise un enseignement, avec les premières écoles vétérinaires.La médecine vétérinaire partage avec l’ensemble de la pensée médicale de l’époque, avec, plus encore, l’esprit des arts et des sciences de la seconde moitié du xviiie siècle, le désir de développer un ensemble de pratiques, de savoir-faire contribuant à reléguer la peur, l’imagination, l’exagération dans une histoire révolue : l’animal, objet de connaissance et de maîtrise, ne devrait plus faire peur à l’homme.L’émergence d’une médecine destinée aux animaux contribue-t-elle à modifier la perception de ces derniers par les hommes ? Mieux soignés, ils tendent à mieux soigner également l’homme, tant du point de vue de la qualité de son alimentation que de la prévention de sa santé.Devenu objet de soins, l’animal, malade comme en bonne santé, ne se voit pas pour autant devenir, aux yeux de ses contemporains humains, un être plus digne de considération qu’il ne l’était auparavant. Il reste fondamentalement inséré dans le circuit de l’utilité : médicale, alimentaire, esthétique, économique.