2003
Cairn
Jan Sebestik, « Thomas Garrigue Masaryk ou le positivisme détourné », Revue d'Histoire des Sciences Humaines, ID : 10670/1.hpsk41
Masaryk, philosophe, sociologue et fondateur de la République Tchécoslovaque, s’inspire d’Auguste Comte et des positivistes britanniques. Avant Durkheim, il procède au diagnostique des tendances suicidaires propres aux sociétés modernes et qui résultent de la perte de la religiosité. Il reprend la classification des sciences de Comte avec d’importants correctifs : il intègre la psychologie dans le système des sciences qui n’est pas linéaire. Au phénoménisme de Comte, il oppose sa version du réalisme, le « concrétisme ». À partir des travaux qui portent sur la philosophie de l’histoire tchèque, Masaryk est devenu l’analyste des révolutions modernes. Il voit l’origine du phénomène révolutionnaire dans Jean Hus et le hussitisme. Deux œuvres majeures sont consacrées à la révolution : La question sociale qui est une des toutes premières analyses philosophiques et sociologiques du marxisme, et la Russie et l’Europe, qui traite des courants spirituels et révolutionnaires du XIXème siècle. Esprit profondément religieux, Masaryk se sépare de Comte et des positivistes en optant pour un christianisme tolérant, sans dogmes.