5 juillet 2016
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Claire Deslauriers, « Le morphème etc. chez Stendhal : du fait de langue au trait de style », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.hqg3n3
Aucune étude systématique dans le domaine de la linguistique française n’a porté spécifiquement sur le morphème etc. Nous proposons de cerner les enjeux de cet objet linguistique et littéraire problématique, en diachronie puis en synchronie. Notre travail s’ouvre sur les questions de l’origine et la morphosyntaxe de etc. En effet, l’histoire de la langue permet d’observer le processus de figement partiel de la séquence « coordonnant + adjectif substantivé » et dans un même temps, de distinguer deux grands types d’emplois du morphème. Ces deux types d’emplois établissent un critère de classement pertinent pour toute étude synchronique portant sur la question du etc. De fait, si l’emploi de etc. correspond toujours à une pratique de l’interruption, il intervient soit à la fin d’une énumération, soit entre deux segments textuels. Cette partition nécessite deux niveaux d’analyse, le premier syntaxique, le second lié aux enjeux énonciatifs du texte.Nous avons donc appliqué ce principe de classement aux 350 occurrences de etc. appartenant à un corpus de six textes stendhaliens : De l’Amour, Racine et Shakespeare, Promenades dans Rome, Le Rouge et le Noir, Lucien Leuwen, Vie de Henry Brulard. Le cœur de notre travail se présente à la fois comme un classement de la totalité des occurrences du morphème et comme une analyse des enjeux d’occurrences choisies, à l’échelle phrastique ou textuelle. Une telle étude permet d’aborder un certain nombre de problématiques touchant à la l’utilisation du morphème etc. : effets d’ellipses et d’échos, enjeux des réduplications du morphème, jeux sur l’implicite, logiques référentielles mises en place par l’auteur, portée des ruptures énonciatives et conséquences sur la lecture. Nous entendons enfin montrer que etc. est un ponctème rythmant dont l’impact stylistique est systématiquement exploité par Stendhal. Révélateur d’une écriture qui donne à voir autant qu’elle laisse deviner, le etc. participe de la logique moqueuse, « cryptique » et conversationnelle des textes Stendhaliens.