Les chemins de l’autisme : des psychopathies à la neurodiversité

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2020

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Jacques Hochmann, « Les chemins de l’autisme : des psychopathies à la neurodiversité », Journal de la psychanalyse de l'enfant, ID : 10670/1.hs5b8p


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Après l’idiot du xixe siècle, dernier échelon de la dégénérescence, après les enfants schizoïdes de Sukhareva à Moscou, l’école de Vienne, autour de Lazar, reprenant le terme créé par Bleuler, décrit les psychopathes autistiques dont Asperger fera l’objet de sa thèse. Après l’Anschluss, les élèves de Lazar, George Frankl et Anni Weiss, apportent la notion à Kanner, à Baltimore, qui transforme les traits de personnalité en un syndrome auquel il donne son nom et qui devient célèbre. De nombreux psychanalystes essaient d’offrir un soin psychothérapique aux enfants autistes. Leur prise de position psychogénétique prévalente déclenche une violente réaction des associations de parents qui récusent les recherches en psychopathologie au nom d’une organogenèse exclusive et font la promotion de l’éducation spécialisée et des thérapies comportementales. Découvrant la thèse d’Asperger et ignorant les travaux de Lazar, Lorna Wing étend le spectre de l’autisme en créant le syndrome d’Asperger qui a un énorme succès. L’autisme devient un phénomène social. Les recherches historiques modernes ont révélé le rôle ambigu d’Asperger sous le nazisme et voulu faire du syndrome qui porte son nom une production nazie. Ce point de vue discutable s’inscrit dans une histoire dominée par des boucs émissaires, à chacun de ses tournants : « la mère frigidaire » de l’autiste, Bruno Bettelheim bourreau des parents, aujourd’hui Asperger, auteur supposé d’un « infâme » syndrome. Le concept de neurodiversité qui extrait l’autiste du champ de la pathologie est le dernier épisode d’une histoire tourmentée qui montre la fragilité du diagnostic en psychiatrie.

After the 19th century idiot—the last degree of the degeneration scale—and Sukhareva’s schizoid children in Moscow, the Vienna school, under Lazar, in the wake of Bleuler, describes autistic psychopaths which Asperger takes as the topic of his thesis. After the Anschluss, Lazar’s students, George Frankl and Anni Weiss, bring autism to Kanner in Baltimore. Kanner converts personality disorders into a syndrome to which he gives his name and which becomes famous. Numerous psychoanalysts try to offer a psychotherapeutic care to autistic children. Their prevailing psychogenetic stand triggers a violent reaction among parent associations. Parents reject the whole field of research in psychopathology and accept only biology-centered theories. They promote education and behavior therapy. In London, Lorna Wing, ignoring Lazar’s works and after finding Asperger’s thesis, stretches the autistic spectrum and coins the Asperger syndrome which has a huge success. Autism becomes a social phenomenon. Modern historical research has disclosed Asperger’s ambiguous role during the Nazi period leading to the conclusion that the syndrome itself was a Nazi product. We discuss this point and consider that the history of autism is dominated by a scapegoating mechanism coming back at each of its turning points: the so-called autistic child’s “refrigerator mother”, the parents’ tormentor Bruno Bettelheim, today Asperger, the so-called author of an “infamous” syndrome. The neurodiversity concept which draws autism out of the field of pathology is the last episode of a stormy history which shows the frailness of the psychiatric diagnosis.

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