« Cracher sur la main qui me donne » : le don d’ovocytes à l’épreuve de l’envie

Résumé Fr En

L’article interroge la trajectoire psychique d’une patiente infertile qui réclame de choisir sa donneuse d’ovocytes elle-même, en ligne, comme cela peut se faire à l’étranger. L’hypothèse retenue consiste à interpréter sa démarche comme un contre-investissement de la position passive de réception qu’implique un don d’ovocytes au profit d’une logique d’emprise, de marchandisation et de dévalorisation de la donneuse d’ovocytes. Un fantasme sous-jacent nous paraît émerger de l’étude d’un cas clinique : « cracher sur la main qui me donne ». À travers un panorama du don d’ovocytes aux États-Unis, l’auteur s’interroge également sur les limites de la rhétorique du don et de l’altruisme en matière de don de gamètes. Sa méthodologie du cas unique s’appuie sur une approche complémentariste qui fait appel à des données sociologiques et économiques.

This article examines the psychic progression of an infertile patient who requests the opportunity to choose her oocyte donor herself, online, as can be done in many countries outside France. The hypothesis adopted involves interpreting her approach as a counter-investment of the passive position of reception implied by an oocyte donation in favour of a logic of control, commodification and devaluation of the donor herself. An underlying fantasy seems to emerge from the study of a clinical case: “spitting on the hand that gives me”. Through an overview of oocyte donation in the United States, the author also examines the limits of the rhetoric of donation and altruism in gamete donation. His single-case methodology is based on a complementary approach that draws on sociological and economic data.