Le Récit de voyage romantique entre littérature, peinture et illustration

Résumé Fr

Le récit de voyage en Andalousie, en ceci qu’il raconte l’expérience d’une confrontation à des images inconnues, est un sous-genre hautement visuel. Et de fait, le dialogue entre écrivains (Justin Taylor, Washington Irving, Théophile Gautier, Charles Davillier) et peintres-illustrateurs (David Roberts, Adrien Dauzats, Gustave Doré) y est très intense. L’illustration se fait dramatique et narrative, et réciproquement, les descriptions textuelles font appel à des références picturales (Callot, Vélasquez, Salvator Rosa, Goya). Ce double mouvement a des conséquences complexes. Les illustrations viatiques effacent parfois, du fait de leur dimension littéraire, les frontières entre réalité et fiction. L’illustration y gagne d’ailleurs ses lettres de noblesse : du fait justement de l’intensité du drame qui les anime, et aussi des allusions picturales qui les enrichissent, certaines images seront destinées à devenir des tableaux. De la sorte, l’illustration tire profit de son inscription périlleuse entre peinture et littérature et fait, au sein des ouvrages viatiques, concurrence au texte.