2005
Cairn
Kristell Trégo, « De l'éthique de la sagesse à l'éthique de la liberté : La doctrine de la liberté d'Augustin à la lumière de ses sources philosophiques antiques », Revue des sciences philosophiques et théologiques, ID : 10670/1.hy70p5
Si la notion de libre arbitre émerge en terre chrétienne, Augustin ne fait droit à cette exigence de sa foi qu’en retravaillant ses sources philosophiques de telle manière qu’elles puissent rendre compte de ce thème étranger à leur univers conceptuel. C’est paradoxalement la conception antique de la liberté du sage comme liberté de l’âme, ou de l’intellect, à l’égard du corps, qui est réinvestie dans la conception augustinienne du libre arbitre comme pouvoir du bien, mais aussi du mal : Augustin aurait ainsi retravaillé « l’éthique de la sagesse » dont il a hérité pour en faire une « éthique de la liberté ». La distinction entre le liberum arbitrium et la libertas se conçoit dans cette perspective non pas comme une hésitation problématique entre deux déterminations contradictoires de la liberté, mais comme témoignant de la constante présence de la conception antique de la liberté à l’arrière-plan des analyses d’Augustin.