9 mai 2022
Pauline Fernandes, « Trace d'origine anthropique sur os: épistémologie et préhistoire. Le cas d'un ossement humain artéfactualisé du Mas d'Azil (Ariège). », HAL-SHS : histoire, philosophie et sociologie des sciences et des techniques, ID : 10670/1.hzviq6
La réflexion sur la manière d’analyser l’artéfact archéologique en Préhistoire, menant le préhistorien à devoir formuler une méthodologie propre au matériel étudié, nous a mené à mettre en place un couplage interdisciplinaire à l’interface entre anthropologie physique et technologie osseuse dans le cadre de l’étude de l’humérus droit humain du Mas d’Azil. Grâce à une analyse réalisée en double front, à la fois comme objet biologique et comme objet technique, d’après les trois types de stigmates relevés (traces de découpe, dépôt coloré rougeâtre, lustre), nous avons pu dégager une chaîne opératoire mortuaire atypique. D’abord décarnisé et démembré, puis coloré à l’aide d’un badigeon liquide rougeâtre et enfin probablement enveloppé dans un contenant semi-souple et transporté, l’humérus droit du Mas d’Azil révèle l’artéfactualisation dont il fut l’objet et porte la mémoire de par ses stigmates. La biographie de l’artéfact a ainsi offert la possibilité d’appréhender une pratique cultuelle au caractère d’exception pour la période et la zone considérées. Si notre entreprise se fonde sur une réflexion épistémologique sur la manière d’analyser l’os anciennement anthropisé, elle a démontré l’importance de ce type d’étude dans la compréhension des groupes préhistoriques en France. L’analyse de l’humérus droit humain incisé, ocré et lustré du Mas d’Azil offre un exemple fondamental des pratiques mortuaires à la Préhistoire et permet de mettre en avant l’inclusion du traitement du cadavre en tant que processus technique ayant transformé le reste biologique en artéfact.