Décor urbain et images du travail. L’exemple de la reconstruction dans le nord de la France après la Grande Guerre

Résumé Fr

L’historiographie a coutume de considérer que la Grande Guerre marque une rupture dans les représentations du travail, après un âge d’or républicain, entre la fin des années 1870 et 1914. Or, on constate dans le nord de la France une profusion d’images se rapportant au travail dans les édifices reconstruits après la guerre. Une première famille de représentations, à mettre en relation avec la doctrine d’architecture régionaliste, exalte l’artisanat et le commerce. Nostalgie, conservatisme mais surtout refus d’un État centralisateur et jacobin s’expriment à travers elle. On trouve également beaucoup d’images d’agriculteurs et de mineurs, souvent associées. À travers ces évocations agrestes et minières, on observe la réactivation de deux représentations antérieures, celle du soldat-laboureur et celle du mineur-soldat, manière pour les « Boches » du nord d’exprimer un besoin de réintégration dans la communauté nationale. On constate en revanche peu d’évocations des édiles, architectes ou entrepreneurs qui ont participé à l’œuvre de reconstruction, ainsi qu’une absence quasi totale d’hymnes à la modernité. Apparaît bientôt une nouvelle vision, encouragée par des phénomènes conjoncturels comme la lutte entre socialistes et communistes pour le contrôle politique du bassin minier et la crise économique des années trente, celle d’une République sociale et de ses œuvres. Dans un régime républicain qui n’a plus besoin d’être soutenu puisqu’il a remporté la victoire contre la barbarie, la voie est désormais ouverte à tous les manifestes.