Tous dans le même bain ? Les modalités de la fréquentation touristique du bord de mer en Inde

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2015

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Isabelle Sacareau, « Tous dans le même bain ? Les modalités de la fréquentation touristique du bord de mer en Inde », HAL-SHS : géographie, ID : 10670/1.i3882i


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L'histoire du tourisme balnéaire en Europe est jalonnée par une série de pratiques recréatives 1 , qui se sont succédé selon un processus cumulatif pour se diffuser dans le reste du monde, à partir de la seconde moitié du XIX e siècle. C'est ainsi que le bain thérapeutique, puis ludique a été à l'origine de la création des premières stations balnéaires destinées au repos et soin de soi associés à la découverte du milieu littoral et de ses paysages maritimes, aux jeux de plage et à une sociabilité nouvelles organisées autour des équipements construits le long des fronts de mer. L'invention de la pratique du bronzage dans la première moitié du XX e siècle a été une innovation majeure qui a ouvert la voie à la mise en tourisme des littoraux ensoleillés de la Méditerranée, puis des régions tropicales sous l'impulsion des grands tour-opérateurs européens et nord-américains. La large diffusion du tourisme sur les littoraux tropicaux pourrait laisser penser leur alignement sur les modèles balnéaires inventés en Europe ou aux États-Unis, et en particulier sur le modèle des « 3S » (Sea, Sun Sand), dans le contexte d'une mondialisation touristique uniformisatrice. C'est ce que suggèrent les auteurs qui ne voient dans le tourisme qu'une forme d'acculturation et de domination néo-coloniale des pays riches sur leurs périphéries de loisirs (Turner et Ash 1975), selon une vision par ailleurs elle-même très ethnocentrée, puisqu'elle dénie aux pays dit « en développement » ou « émergents » toute capacité d'innovation ou d'invention, et ignore leur participation croissante au système touristique (Sacareau, 2006). Or, l'émergence touristique de l'Asie et la circulation des pratiques recréatives, favorisée par la mondialisation interroge la diffusion du tourisme et son « infusion » dans des systèmes culturels différents de ceux qui ont vu sa naissance et son déploiement. On constate en effet dans plusieurs pays d'Asie (Cabasset-Semedo, Peyvel, Sacareau, Taunay, 2010) des formes d'hybridation et de réappropriation des modèles en circulation, qui sont liées aux spécificités culturelles et à l'histoire touristique des pays concernés. C'est le cas de l'Inde, où nous montrerons, que la diffusion du tourisme n'obéit, ni au même schéma chronologique de la succession des pratiques, ni à une simple reproduction des formes du tourisme balnéaire issus des pays les plus anciennement touristiques. D'abord, parce que la société indienne, encore faiblement laïcisée, entretient un rapport sacré à l'eau et à la mer. Ensuite, parce que l'usage recréatif de la plage, très récent en Inde, se fonde sur la découverte et la sociabilité plus que sur le repos associé aux bains de mer ou de soleil. Enfin, parce que la diffusion du tourisme international, associée à la circulation de pratiques dépassant le champ même du tourisme, a produit sur les littoraux indiens au moins deux innovations : l'invention d'un nouveau rapport festif à la plage, dont le Goa des années 1980 constitue le modèle ; et le développement des ayurvedic spas, forme d'hybridation entre le modèle balnéaire occidental et la médecine traditionnelle indienne, qui renouvelle les formes de soin de soi qui ont historiquement fondé les pratiques touristiques du bord de mer.

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