2023
Albano Brito et al., « L’érosion de la paix : poches de conflits et jeux de pouvoir au Mozambique », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10670/1.i3ehgj
Le Mozambique est en proie à des défis socio-économiques et politiques majeurs. Depuis l’année 2013, il fait face à deux conflits armés régionaux. Ce retour aux armes se caractérise par des assises territoriales distinctes. D’une part, les violences perpétrées par l’ancienne guérilla Renamo (Resistência Nacional de Moçambique) et sa junte militaire (2019-2021) dans le centre du Mozambique. Cette dernière capitalise sur les ressentiments locaux vis-à-vis d’un appareil d’État largement centralisé. Un accord de paix définitif a été signé en 2019 mais perdurent des « poches » dissidentes. D’autre part, une montée de la violence imputable à des groupes armés djihadistes, appelés Ahlu Sunna et opérant dans la province de Cabo Delgado au Nord. Ex-bastion politico-électoral du Parti-État Frelimo, la province musulmane est restée l’une plus indigentes du Mozambique. La propagation de la violence et l’enracinement d’Ahlu Sunna se fait dans une région marquée par un faible niveau d’investissements publics et la pénétration de l’islam radical. Ainsi le Mozambique a renoué avec la violence armée, en partie réapparue sur les cendres de la guerre de libération. Cet article va s’attacher à en montrer les enjeux et les impacts. Il s’agit de voir par quels mécanismes le parti-État Frelimo tente de répondre à ces menaces dans un Mozambique à forts enjeux (mégaprojets sur le charbon, gaz naturel…) et d’identifier les lignes de fractures qui zèbrent le pays, en en déterminant causes, répercussions et réponses apportées.