19 novembre 2002
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Philippe de Brabanter, « Comprendre la mention, la citation, l'autonymie. Une étude sémantique et pragmatique du discours métalinguistique », HAL-SHS : linguistique, ID : 10670/1.i4s2r7
Cette thèse poursuit un double objectif : offrir un panorama complet des conceptions linguistiques et philosophiques sur les énoncés métalinguistiques (en particulier lorsqu'ils renferment un cas de mention ou citation) et construire une théorie qui soit en mesure de rendre compte du plus grand nombre possible d'aspects sémantiques et pragmatiques de l'usage ordinaire du métalangage.Les Chapitres 1 et 2 dressent l'état de la question du métalangage, technique puis ordinaire, en logique philosophique et en philosophie analytique. Leur caractère est à la fois historique et théorique. Je montre où naît l'intérêt pour le métalangage ordinaire comme objet d'étude, et décris les théories successives échafaudées pour en rendre compte, en particulier dans sa dimension « réflexive ». En même temps, j'examine de nombreuses objections aux diverses théories et évalue les réponses qui y ont été apportées.Le Chapitre 3 renferme l'exposé des conceptions sémantiques et pragmatiques (sur l'« interprétation des énoncés ») qui permettent de comprendre les théories discutées aux deux chapitres suivants, et qui sous-tendent les analyses des chapitres ultérieurs.Le Chapitre 4 explore une première théorie (celle de Paul Saka) « déviante » par rapport aux traditions exposées en 1 et 2, et en montre les forces (et quelques faiblesses). S'y trouve également un excursus sur le mode de référence des autonymes. La raison de cet excursus est que le problème de la référence est latent dans la plupart des théories en présence, et qu'il s'agit donc d'une question qu'une thèse sur le métalangage ordinaire se doit d'affronter. Or, comme la théorie analysée en 4 porte un regard neuf sur le sujet, il ne pouvait y avoir meilleur endroit pour en traiter.Le Chapitre 5 explore une seconde théorie « déviante » (celle de François Recanati). Cette théorie s'avère (à mes yeux) la mieux équipée pour rendre compte d'un maximum de données linguistiques ainsi que pour mettre en évidence les propriétés fondamentales du métalangage ordinaire, en particulier des « démonstrations métalinguistiques réflexives ».Le Chapitre 6 met en pratique les éléments théoriques établis aux chapitres précédents en s'attelant à une « typologie » des énoncés métalinguistiques réflexifs. Il en existe une grande variété, certains étant purement métalinguistiques, d'autres, hybrides, relevant à la fois du discours sur le monde et du métalangage (ou métadiscours). L'idée est d'organiser ce fourmillement de données en fonction de critères réellement pertinents. Ces critères sont :(i) y a-t-il ou non « intention de mention » ?(ii) certaines marques signalent-elles cette intention ?(iii) la lecture ordinaire (non-méta) de l'énoncé est-elle grammaticalement acceptable ?(iv) y a-t-il « recrutement syntaxique » de l'acte de mention ?(v) la citation réfère-t-elle ?(vi) y a-t-il « attribution d'un discours » à un autre énonciateur ?Le Chapitre 7 complète le précédent en offrant une « topographie » du métalangage ordinaire, c'est-à-dire en situant celui-ci par rapport à d'autres catégories comme la langue-objet et la langue naturelle. Le problème est abordé tant au niveau du discours qu'à celui du système de la langue. Alors que le chapitre précédent tentait une classification au sein des énoncés méta, celui-ci examine (i) les relations entre ces énoncés et l'ensemble des énoncés possibles d'une langue, et (ii) entre les composantes méta et non-méta du système. Ce dernier aspect donne au chapitre une teneur fortement lexicographique.Le Chapitre 8, enfin, se penche sur des questions qui me semblent, à l'avenir, devoir retenir toute l'attention des linguistes et philosophes s'intéressant au métalangage ordinaire. Ces questions sont liées à l'existence d'énoncés hybrides, renvoyant à la fois au langage et au monde extralinguistique. Leur étude met au défi nos conceptions notamment de la grammaticalité et de l'iconicité, et interroge la distinction que nous faisons entre sémantique et pragmatique.