Éthique des maladies infectieuses et responsabilité sanitaire

Résumé Fr En

Sous la macabre impulsion de l’épidémie de COVID-19, les maladies infectieuses occupent aujourd’hui une place essentielle dans le monde de la santé et suscitent de nombreux questionnements éthiques. Cela n’a pas toujours été le cas et d’aucuns étaient tentés de croire que ces fléaux sanitaires appartenaient au passé. Les maladies infectieuses qui nous préoccupent tant aujourd’hui présentent des spécificités tant en matière médicale que sur le plan éthique. Leur nature parfois très aigüe, leur contagiosité, le nombre élevé de personnes qu’elles peuvent frapper voire tuer, la problématique de leur traitement et les injustices subies par les populations les plus précaires, constituent la base même d’une éthique des maladies infectieuses. La contagiosité constitue l’une de ces spécificités. Les personnes contaminées doivent bien entendu bénéficier du respect de leurs libertés fondamentales, mais il ne faudrait pas pour autant perdre de vue les responsabilités morales de chacun d’entre nous à l’égard de ceux que nous pouvons contaminer. Dès lors, le cœur de la réflexion éthique ne peut plus être le respect et la promotion de l’autonomie individuelle des patients, mais plutôt une autonomie relationnelle structurée par une responsabilité sanitaire.

Under the macabre impetus of the COVID-19 epidemic, infectious diseases now occupy an essential place in the world of health and raise many ethical questions. This was not always the case and some were tempted to believe that these health scourges were a thing of the past. The infectious diseases that concern us so much today have specificities both medically and ethically. Their sometimes very acute nature, their contagiousness, the high number of people they can strike or even kill, the problematic of their treatment and the injustices suffered by the most vulnerable populations, constitute the very basis of an ethics of infectious diseases. One of these specificities is contagiousness. Infected people should of course be granted respect for their fundamental freedoms, but that does not mean losing sight of the moral responsibilities of each of us towards those we may infect. Therefore, the heart of ethical reflection can no longer be respect and promotion of the individual autonomy of patients, but rather relational autonomy structured by health responsibility.