4 juillet 2016
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Claudia Schweitzer et al., « De la notation musicale à la transcription de la prosodie : Description de la prosodie du français du XVIe au début du XXe siècle », HAL-SHS : linguistique, ID : 10.1051/shsconf/20162709001
L’existence de liens étroits entre musique et prosodie a poussé certains grammairiens à parler d’éléments musicaux pour désigner le rythme, l’accentuation et l’intonation de l’oral, ou encore, à avoir recours à la transcription musicale pour mieux représenter et décrire ces phénomènes. Dans la production de la parole, leur manifestation concrète est associée à l’évolution temporelle de la fréquence fondamentale, la durée et l’intensité. Ces variations sont perçues comme des changements de hauteur, de longueur et de sonie, que l’on retrouve également dans la musique. Il n’est donc guère étonnant que le vocabulaire utilisé pour décrire la langue parlée ou la musique se ressemble autant. L’Encyclopédie explique clairement que du rythme « naissent le nombre & l’harmonie dans l’éloquence, la mesure & la cadence dans la poésie », tandis qu’en musique, « le rythme s’applique à la valeur des notes, & s’appelle aujourd’hui mesure ». Si nous étudions de plus près l’évolution de la transcription de la prosodie française entre le XVIe et le début du XXe, il est possible de dégager quatre grandes tendances. Au XVIe, les grammairiens se focalisent sur le fonctionnement des mots en contexte, au sein des différentes unités syntaxiques (Meigret, XVIe). Au XVIIe, des auteurs comme le grammairien Vairasse d’Allais ou le musicien Bacilly vont plutôt se focaliser sur un seul élément, la quantité, qu’ils utilisent pour parler du rythme, en travaillant notamment au niveau de la syllabe. Au XVIIIe, les Lumières cherchent à décrire et à expliquer avec précision le fonctionnement de la langue et de la musique, mais ils se heurtant au manque d’instrumentation. Ce manque sera comblé au début du XXe par les phonéticiens expérimentalistes (Rousselot, Roudet). Ces auteurs ont recours à la transcription musicale pour décrire avec une extrême précision l’évolution de la hauteur, de la durée et de l’intensité en utilisant une véritable partition, mais en négligeant toutefois les variations réellement pertinentes pour l’oreille. Dans l’ensemble, nous pouvons dégager un mouvement partant d’une description plutôt globale pour aboutir à une transcription extrêmement précise de la prosodie. En outre, chaque auteur, en fonction de son domaine, apporte des connaissances et un regard spécifiques. Dans cette communication, nous nous proposons donc d’analyser les apports de cette approche dans l’évolution de la description de la prosodie de la langue française.