2010
Cairn
Bernard Grasset, « Regard littéraire sur Pascal : André Suarès », Revue d'éthique et de théologie morale, ID : 10670/1.i6iaos
André Suarès a été très marqué par l’œuvre de Pascal. Il fut très sensible à l’originalité de Pascal, notamment à sa solitude et à son ascétisme souffrant. Il fut aussi un homme secret et tourmenté d’absolu. Pour Suarès, l’œuvre de Pascal doit beaucoup à ses expériences existentielles. Art et science se réunissent chez lui ; l’agir de l’être humain est au cœur de sa pensée. L’être humain est attiré par les ténèbres. L’homme sans Dieu est néant. L’homme qui oublie la mort est l’objet d’une vie d’artifices. Telle est la vérité de la vie. La seule réponse au tragique de l’existence est l’amour et un amour qui croit. Suarès fait de Pascal un héros d’humilité, un saint, aussi, qui accueille la présence de Dieu, ou plutôt, qui rêve d’être saint car il ne s’en sent pas capable. Enfin, l’auteur des Provinciales fut un authentique mystique désireux de servir le Seigneur. Son mysticisme christique fut un mysticisme tragique. Bref, pour Suarès, Pascal ne fut pas un être purement cérébral, mais un vivant et un vibrant. C’est le grand avantage de ce regard littéraire.