2007
Cairn
Patrick Kamenka, « Turkménistan 2006 : Avant la mort du tyran », Le Courrier des pays de l'Est, ID : 10670/1.i945zn
Avant de disparaitre fin décembre 2006, le Président à vie, le tyrannique S. Niazov, en place depuis 21 ans, n’avait pas dérogé à ses habitudes, organisant la répression tous azimuts, la plus visible concernant journalistes et militants des droits de l’homme, ainsi que les limogeages de ses proches, dont la Procureure générale, qui depuis dix ans avait organisé les procès des rivaux du Président, condamnée à vingt ans de prison pour détournement de fonds. Alors que le clan Niazov gardait la mainmise sur les richesses énergétiques et faisait fructifier le pactole dérobé, placé à Francfort, la population connaissait des privations quotidiennes de plus en plus dures, en produits alimentaires de base, soins et éducation. Il est vrai que le dit Turkmenbachi n’avait pas trop à craindre les protestations internationales, protégé qu’il était par l’immensité de réserves gazières très convoitées. Au point d’ailleurs de faire plier le géant russe Gazprom en lui imposant un relèvement du prix de vente du gaz. Son successeur «élu», G. Berdimoukhamedov, aurait donné quelques signes d’ouverture, sous l’œil attentif de Moscou, Washington, Bruxelles, Tachkent et Almaty, craignant tous une quelconque instabilité. L’Europe et les Etats-Unis ont en effet entrepris d’acheminer le gaz vers l’Europe en contournant la Russie (projet Nabucco), qui de son côté souhaite que le pays sorte de son isolement et se rapproche d’elle et de la CEI. Concernant les résultats économiques, la plus grande confusion règne entre les chiffres officiels et les estimations internationales, qui tentent de cerner la réalité d’une économie démonétisée, dominée par le marché noir et le troc et dont le secteur agricole, crucial pour l’emploi, traverse une crise depuis 2005