Psychiatres... et psychothérapeutes ? Conceptions et pratiques des internes en psychiatrie

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2012

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Aude Van Effenterre et al., « Psychiatres... et psychothérapeutes ? Conceptions et pratiques des internes en psychiatrie », L'information psychiatrique, ID : 10670/1.ia17gp


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L’article présente les principaux résultats et interprétations, dans les cadres d’analyse de la sociologie des professions, d’une enquête qualitative par entretiens semi-directifs menée auprès d’internes en psychiatrie, concernant leurs conceptions et pratiques des psychothérapies et la place qu’ils leur donnent au sein de la psychiatrie. La pratique de la psychothérapie, dès lors qu’elle est définie extensivement, sans être limitée aux psychothérapies structurées, apparaît constitutive de l’identité des (futurs) psychiatres tout en suscitant des engagements d’intensité variée. Les orientations psychothérapeutiques des internes sont diverses, la pluralité des méthodes étant défendue à la fois pour elle-même, en tant que richesse et bonne pratique de la psychiatrie et parce que les internes l’estiment indispensable à leur formation. La psychanalyse n’est plus en position hégémonique et la demande par les internes d’une véritable formation à la psychothérapie dans le cursus de psychiatrie vient dans le même mouvement manifester la fin de la juridiction intellectuelle de la psychanalyse sur la psychothérapie et la volonté de lui substituer celle de la psychiatrie. Les internes ne veulent pas délaisser la pratique effective de la psychothérapie (la juridiction pratique) au profit des seuls psychologues : leur refus d’être seulement des « prescripteurs de psychothérapies » pose de fait – parce que l’histoire est faite d’« effets non recherchés » par les acteurs – la question de la limitation du marché des psychothérapies en faveur des psychiatres. Les internes en psychiatrie se veulent médecins et reconnus comme tels, mais s’estiment généralement mal reconnus par leurs collègues médecins et internes en médecine somatique. La médicalisation de la psychothérapie est susceptible de transformer les regards des médecins sur la psychothérapie dans un sens positif, mais cela impose aussi que les internes acquièrent une solide compétence en psychothérapie et reçoivent une vraie formation, de haut niveau pratique et théorique, dans ce domaine. Celle-ci ne constituerait qu’une possibilité offerte aux internes et non une obligation, tout en étant vigilant à éviter le risque d’une division des psychiatres entre des « psychiatres-psychiatres » et des « psychiatres-psychothérapeutes ». Le projet d’instaurer une formation à la psychothérapie des internes en psychiatrie comporte des enjeux qui dépassent la seule volonté de répondre au déficit de compétence des psychiatres. Il est sans doute nécessaire d’anticiper les possibles « effets non recherchés » d’un tel projet, mais sans que cela ne retarde pour autant sa mise en œuvre.

Psychiatrists and psychotherapists? Perceptions and practices of psychiatric residentsThis article presents the main results and interpretations within the framework of analysis of the sociology of professions, a qualitative survey by semi-structured interviews conducted with psychiatric residents on their perceptions and practices of psychotherapy and the place that is given in psychiatry. The practice of psychotherapy, since its extensive definition, without being limited to structured psychotherapies, is linked to the identity of (future) psychiatrists while taking into consideration the commitments of varying degrees of intensity. Psychotherapeutic orientation of residents is diverse with a range of methods being advocated. This is considered not only a source of wealth and good practice of psychiatry but also because the residents consider it essential to their training. Psychoanalysis is no longer in a hegemonic position and the demand by residents for genuine psychotherapy training within a psychiatric curriculum appears along with a parallel movement showing the end of intellectual jurisdiction of psychoanalysis over psychotherapy and willingness to replace it with basic psychiatry. Residents do not want to abandon the practice of effective psychotherapy (Law court practice) for the benefit of only a few psychologists – their refusal to be only “prescribers of psychotherapy” creates a dilemma – because history is made of “unintended effects” by the actors, which is limiting the psychotherapy market in favour of psychiatrists. Medical residents want to become doctors in psychiatry and are recognized as such, but generally feel poorly accepted by their fellow doctors and residents in somatic medicine. The medicalization of psychotherapy is likely not only to transform the perspective of physicians towards psychotherapy in a positive sense, but it also demands that the residents acquire a solid competence in psychotherapy and receive real training, of a high practical and theoretical level in this field. This would only be a possibility offered to residents and not an obligation, while at the same time being careful to avoid the risk of a division between “psychiatrists-psychiatrists” and “ psychiatrists-psychotherapists”. The plan to introduce psychotherapy training in psychiatry for residents involves issues that go beyond the mere desire to respond to the lack of competence of psychiatrists. It is without question necessary to anticipate the possible “unintended consequences” of such a project, but it should be done without any delay, provided its implementation is not a hindrance.

¿ Psiquiatras... y psicoterapeutas ? Concepciones y prácticas de los médicos internos de psiquiatríaEl artículo presenta los principales resultados e interpretaciones, en los marcos de análisis de la sociología de las profesiones, de una encuesta cualitativa a base de entrevistas semi-directivas a internos de psiquiatría, en lo tocante a sus concepciones y prácticas de las psicoterapias y el lugar que les asignan dentro de la psiquiatría. La práctica de la psicoterapia, en cuanto está definida de modo extensivo, sin el límite de las psicoterapias estructuradas, aparece como constitutiva de la identidad de los (futuros) psiquiatras suscitando juntamente compromisos de variada intensidad. Las orientaciones psicoterapeúticas de los internos son diversas, siendo la pluralidad de los métodos defendida a la vez como riqueza y buena práctica de la psiquiatría, y porque los internos la consideran indispensable en su formación. El psicoanálisis ya no tiene lugar hegemónico y la demanda por parte de los internos de una verdadera formación en psicoterapia en el currículo de la psiquiatría viene a un tiempo a manifestar el final de la jurisdicción intelectual del psicoanálisis sobre la psicoterapia y la voluntad de sustituirla con la de la psiquiatría. No quieren los internos abandonar la práctica efectiva de la psicoterapia (la jurisdicción práctica) en provecho solo de los psicólogos: su rechazo a conformarse con ser “prescriptores de psicoterapias” plantea en realidad–porque la historia está hecha de “efectos no buscados” por sus actores–la cuestión de limitar el mercado de las psicoterapias a favor de los psiquiatras. Los internos de psiquiatría postulan ser médicos -y reconocidos como tales, pero suelen considerarse poco reconocidos por los colegas médicos e internos de medicina somática. La medicalización de la psicoterapia es capaz de transformar la visión de los médicos sobre la psicoterapia en un sentido positivo, pero ello impone también que los internos adquieran una sólida competencia en psicoterapia y reciban una verdadera formación, de alto nivel práctico y teórico, en este campo. Ésta constituiría solo una posibilidad brindada a los internos y no una obligación, lo cual supone a su vez que se vigile el riesgo de una fractura entre “psiquiatras-psiquiatras” y “psiquiatras-psicoterapeutas”. En el proyecto de instaurar una formación en psicoterapia de los internos de psiquiatría lo que está en juego supera la mera voluntad de responder al déficit de competencias de los psiquiatras. No cabe duda de que se necesita anticipar los posibles “efectos no buscados” de tal proyecto, pero sin que por ello se aplace su puesta en marcha.

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