29 novembre 2021
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Volume 11 - 2021 : Varia
Paul Slama, « Après Max Weber. Notes sur une « psycho-théologie » de Walter Benjamin1 », Phantasia, ID : 10.25518/0774-7136.1454
Dans cet article, je souhaite montrer la dimension « psycho-théologique » de la pensée de Walter Benjamin, en identifiant la « coupure théologique » comme la figure dialectique du paradoxe de la coupure irrémédiable, qui n’est pas absence, mais un certain mode de présence, profondément contemporain, du divin. Je voudrais essayer d’identifier ce mode de présence, et ce qu’il est capable d’accomplir. 1) Je vais tout d’abord partir de la figure du démon dans l’article sur Karl Kraus de 1931, qui est un premier moment psycho-théologique où la coupure se phénoménalise dans le langage, plus précisément dans la distinction entre la rime et le nom ; j’appelle ce moment logico-théologique. 2) Je vais ensuite élargir l’enquête à la figure messianique de l’angoisse dans le petit texte sur le Capitalisme comme religion, où la coupure théologique trouve son expression dans le capitalisme contemporain pensé comme culte sans dogme, contant producteur d’angoisse culpabilisée. C’est un moment économico-théologique. 3) Enfin j’interprète quelques thèses sur l’histoire où la figure de la coupure théologique, que marque l’ange ouvert au messianisme, introduit dans une éco-théologie où la coupure touche la terre tout entière coupée comme terre ici-bas et terre dévastée à venir.J’espère ainsi montrer que la grandeur de la pensée de Benjamin est d’avoir poussé la coupure théologique dans ses retranchements conceptuels les plus extrêmes, ne laissant à la pensée qu’une approche fragmentaire de l’à-venir, comme pratique difficile et funambule de l’écriture et comme pensée de l’événement surgissant du divin.