2023
Cairn
Myriam Szejer, « La gestation pour autrui : un dérapage ? », Médecine de la Reproduction, ID : 10670/1.iec6cy
L’intervention nécessaire de la médecine dans la gestation pour autrui (GPA) équivaut à une ordonnance d’abandon. Comme traditionnellement en obstétrique, c’est l’intérêt de la mère et celui de l’enfant qui entrent en conflit. Ces enfants de contrats réels, sont à leur façon des enfants virtuels : ils deviennent non pas des sujets mais des objets de contrats. Il faudrait faire passer en priorité la connaissance apportée par la science et la psychanalyse avec ce qu’elles nous enseignent aujourd’hui, on ne peut plus se contenter d’aborder la question de l’abandon, de l’adoption, de la GPA et de l’assistance médicale à la procréation sous l’angle exclusif des bons sentiments. La procréation n’est pas uniquement une histoire mécanique de mère et d’enfant. Toute la famille s’en trouve bousculée, la société également en raison de la transformation des lois de la filiation qui en découle. La dénégation de tous leurs apports concernant la vie anténatale et le lien conduit à cette pratique très questionnable, au mépris de ceux et de celles qui en sont les objets : les mères comme les enfants. Les couples se rendent à l’étranger pour une GPA et réclament ensuite la reconnaissance par l’état français des enfants ainsi conçus qu’ils ramènent sur le territoire La mondialisation peut réserver bien des surprises. L’amour est avancé comme la justification de ces pratiques. Il est certes souhaitable, mais il ne peut pas résumer à lui seul les conditions de l’accueil au monde. De plus, il semble que toute réflexion autour des sujets pouvant complexifier le jeu des cartes de la filiation est surdéterminée par le poids culturel dû au fait que nous sommes tous issus d’une civilisation fondée sur la prise en compte de l’origine et de son articulation à l’interdit de l’inceste inscrit dans la loi comme dans l’Inconscient. Sa transgression n’est jamais sans conséquences.