2021
Cairn
Alain Eloka, « Le concours des réputations collectives aux perceptions d’(in)efficacité des organismes nationaux anti-corruption. Exemples du Botswana et du Cameroun », Critique internationale, ID : 10670/1.igwflx
L’émergence de la « lutte contre la corruption » comme prescription globale dans les années 1990 a donné lieu à une floraison au niveau planétaire d’organismes nationaux spécifiquement dédiés à cette question. Cependant, l’efficacité de ces structures étatiques est débattue et diversement appréciée dans la littérature. Nous entendons contribuer à ce débat en soutenant que les perceptions d’(in)efficacité suscitées par chaque organisme national anticorruption (ONAC) s’expliquent aussi, au-delà des analyses proposées dans la littérature, par la réputation des élites gouvernantes du pays considéré. L’étude des dispositifs anti-corruption mis en place respectivement par le Botswana et le Cameroun révèle que la réputation positive de certains pays auprès des institutions internationales de développement permet à leurs ONAC de bénéficier d’une « bonne presse » et d’une présomption d’efficacité que la réalité des faits ne confirme pas forcément. À l’inverse, la réputation négative de certains autres pays fait peser sur leurs ONAC une présomption d’inefficacité, et ce indépendamment des résultats factuels de leurs actions.