Confiance et contexte : une approche non cognitiviste des normes

Résumé Fr En

Le contextualisme moral passe pour un culturalisme relativiste, notamment aux yeux de la théorie cognitiviste des normes de Habermas, ancrée dans une théorie de la communication langagière. Pour éviter ce cognitivisme discursif qui indexe les normes universelles à la vérité, il faut ancrer les normes en deçà de la communication langagière et de la logique des prétentions à la validité qui y est inscrite : dans notre rapport pratique au monde, caractérisé d’abord par la confiance qu’on met en lui (la confiance étant définie comme un pari sur des comportements attendus). L’article montre que les normes (qui fixent les attentes de comportement réciproques des acteurs) renvoient elles aussi à cette relation fiduciaire élémentaire, les détachant de leur lien cognitiviste à la vérité.

Moral contextualism often passes for cultural relativism; for example, it is viewed this way in Habermas’s cognitivist theory of norms, anchored in a theory of linguistic communication. To avoid this discursive cognitivism which indexes universal norms to truth, one must anchor norms below linguistic communication and the logic of claims to validity that are inscribed therein, in our practical rapport with the world, characterised above all by the trust that we place in it (trust being defined as a wager on expected behaviours). This article shows that norms (which determine actors’ expectations of reciprocal behaviours) also refer to this elementary fiduciary relationship, severing their cognitivist link to the truth.