Satire et mélancolie : quand le mort nous parle…

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2022

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Éric Le Toullec, « Satire et mélancolie : quand le mort nous parle… », Savoirs et clinique, ID : 10670/1.ilizbw


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Fondée sur l’attaque et la dérision, usant de la musique et de la danse, la satire, dans sa forme originelle antique, consiste en un poème qui dénonce les vices et le ridicule des contemporains de l’auteur. Elle vient questionner le registre de l’illusion en utilisant le mélange des genres et apparaît, dans son rapport avec l’objet perdu, comme la première forme écrite de la douleur mélancolique. L’humour part d’une dénonciation morale qui provoque la perte de la certitude, jugée ostentatoire, et déclenche un rire mêlé d’inquiétude. Dans le prolongement de la mise en évidence par Franz Kaltenbeck de la distinction freudienne entre le double, l’objet et l’autre personne, l’analyse d’une épigramme d’Horace ( Odes, I, 28), où c’est le mort qui nous parle, conduit à dévoiler le lien entre la perte, le double, et ce que Lacan a nommé l’objet déchet dans la mélancolie. À l’opposé des présupposés heuristiques actuels, les textes antiques sur la mélancolie mettent en évidence l’oscillation dialectique entre une causalité matérialiste, celle du corps pris dans les affres du déséquilibre de l’humeur noire, et la désillusion de l’âme qui ouvre sur un rire (Démocrite) chargé d’un savoir nouveau. Sa rencontre avec Hippocrate constitue la scène originelle où penser le hiatus corps-psyché dans la mélancolie. La mélancolie devient dès lors une source d’enseignement inépuisable : des oppositions signifiantes comme normalité/folie, infini/fini, totalité/néant, un/rien, anticipent de ce fait la découverte de l’inconscient.

Originally, satire was a poem, founded on verbal attack and derision and resorting to music and dance, which meant to expose the vices and the ridicule of the contemporaries of the author. Using a medley of genres, it questioned the wide range of illusion and, considering its relation with the lost object, it appears to be the very first form of melancholy writing. Its humoristic style stems from a moral denunciation which undermines all conceited certitudes and triggers a distraught laughter. Franz Kaltenbeck has highlighted the Freudian distinction between the double, the object and the other, likewise our analysis of an epigram by Horace ( Odes, I,28) in which the dead character addresses us, has led us to disclose the link between loss, the double and what Lacan named the leftover in melancholia. Contrariwise to contemporary heuristic assumptions, we find, in ancient texts dealing with melancholia, a clear dialectic oscillation between material causalities, with the body caught in the unbalancing torments of black humor, and the disillusionment of the soul leading through laughter (Democritus) to a renewed understanding. With Hippocrates, we find the original scene dramatizing the melancholy hiatus body-psyche. Therefore melancholia becomes the endless source of knowledge: such major oppositions as normality versus madness, infinite vs finite, totality vs naught and one vs nothing, anticipate the discovery of the unconscious.

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