2020
Cairn
Michel Dupuy et al., « Le retour des déficits jumeaux américains », Revue d'économie financière, ID : 10670/1.imfms9
En adoptant à la fin de 2017 une politique budgétaire expansionniste, les États-Unis ont renoué avec les déficits jumeaux (budgétaire et courant). En 2019, le déficit du budget fédéral devrait atteindre 5 % du PIB, tandis que le déficit courant devrait s'établir à près de 3 % du PIB. Après avoir établi l'existence d'une relation positive de long terme entre le déficit budgétaire et le déficit courant aux États-Unis, cet article met en exergue les spécificités des déficits jumeaux actuels. Ces déficits se différencient en effet des déficits passés, tout d'abord, par le contexte d'apparition des déficits et ensuite par leur financement. Alors que les déficits jumeaux précédents sont apparus dans une économie américaine en sous-emploi, l'épisode actuel de double déficit est survenu dans un contexte de plein-emploi. Par ailleurs, les sources de financement des déficits jumeaux proviennent aujourd'hui pour l'essentiel d'investisseurs privés non résidents, alors que jusqu'en 2014, c'étaient les banques centrales non américaines qui, en plaçant leurs réserves de change en Treasuries, assuraient le plus gros du financement de ces déficits. En l'absence de concurrents sérieux du dollar comme monnaie de réserve internationale, les déficits jumeaux américains sont aujourd'hui financés sans difficulté. Cette situation pourrait cependant ne pas durer. L'augmentation de la dette externe américaine pourrait en effet conduire, à terme, à une augmentation des taux longs et/ou à une dépréciation du dollar. Classification JEL : E62, F31, F32, H62.